Un réveil perturbant...

Ploc.

Un bruit clair, infime, distinct se perdait en chuchotements sur les parois de la cavité obscure.

Ploc.

De nouveau, le faible écho poursuivit son bruit géniteur.

Ploc. Ploc.

Les parois de la caverne accentuaient les bruits, qui raisonnaient étrangement dans le silence pesant.

Plouch !

Aucun écho n’accompagna cette goutte solitaire qui s’écrasa sur une truffe noire. Pourtant, cette gouttelette eut des répercussions bien plus importantes que toutes les autres.
La silhouette noire possédant ladite truffe se mit en mouvement. Cela commença par les paupières. Elles papillonnèrent lentement, dissipant le reliquat de sommeil qui embrumait encore l’animal. Une profonde inspiration, suivie d’une expiration toute aussi puissante troubla le silence. Un court bâillement déforma la gueule sertie de crocs. Dans l’obscurité, la blancheur de ces derniers semblaient scintiller de lumière. Puis Yingzi releva la tête.

Avant même qu’il eût totalement émergé du sommeil, il savait que quelque chose n’allait pas. Avant même que ses yeux ne s’ouvrirent, il savait qu’il n’était pas à l’endroit où il s’était endormi. Les odeurs étaient différentes. Le parfum des herbes et des fleurs avait disparu. Le chant des oiseaux était inaudible. Et les racines de l’arbre contre lesquelles il s’était blotti ne frottaient plus contre son dos et ses pattes.

Où suis-je ?

Le loup se releva rapidement. Les pattes fléchies, sur ses gardes, il scrutait l’endroit étrange dans lequel il était. C’était une étonnante caverne qui entourait un lac au fond invisible. Il ne semblait y avoir personne dans les environs. Plusieurs minutes s’écoulèrent avant que Yingzi ne commença à se détendre, sans toutefois oublier sa méfiance. Le loup noir étira son corps et ses pattes encore ankylosées, puis observa, inquiet et étonné, ce lieu étrange. Les parois brutes, sombres. Le lac immobile, vide de toute vie, qui s’étendait à deux pattes de lui. Il ne comprenait pas ce qu’il faisait là. L’avait-on attaqué ? Trainé ici ? Il s’en souviendrait. S’était-il cogné la tête, avait-il mangé quelque chose de toxique ? Il n’avait mal ni à la tête, ni à l’estomac. Il se sentait bien physiquement. Seules les courbatures lui rappelaient que la veille encore, il était en train de courir. Donc il était impossible que plusieurs jours se fussent écoulés. Le loup s’approcha du lac, se pencha au-dessus. L’eau avait une odeur nauséabonde. Il ne voyait même pas son reflet dans l’étendue trouble. Il n’avait jamais connu un tel endroit chez lui.

Comment est-ce possible ?

Jaws marchait vers la nerezza, il n'avait pas besoin de soin mais voulait voir ce coin plus calme. Pourtant lorsqu'il arriva une odeur monta a sa truffe. une odeur de solitaire. Il pensa d'abord a Luan, mais en approchant ce qui se trouvait devant lui n'avait rien d'une louve. Gonflant le pelage, le regard noir il avança vers l'inconnu, parlant d'une voix grave par dessus un grognement.

"Qu'est que tu fou la?!"

Tu devrais faire gaffe a pas te faire croquer petit loup. se moqua la voix dans sa tete qu'il secoua pour la chasser.

"T'as envie de te faire ouvrir en deux, on t'as pas dit que chez les renegats c'était toi la bouffe si t'avais pas de contrat a donner?"

Lorsqu'il sentit qu'il n'était plus seul, Yingzi fit volte-face un peu trop rapidement et manqua de glisser dans l'étendue aqueuse. Son attention, accaparée par la situation étrange dans laquelle il se trouvait, avait fini par faire baisser sa garde. Il avait été surpris par l'arrivée d'un autre loup.

L'inconnu qui s'approcha vers lui était un loup fin, au pelage noir comme lui. Sans se l'expliquer, sa présence mettait Yingzi très mal à l'aise ; Et ce n'était pas seulement parce qu'il avait été surpris ou parce que son expression était féroce.

Yingzi tenta de reprendre tant bien que mal contenance tandis que le loup noir lui parlait d'une voix grave et acerbe. Quelque chose dans son odeur se mêlait à celle de cet endroit. C'était vraisemblablement le territoire de la "meute" dont il devait faire partie, ces renégats comme il les appelait.

En d'autres circonstances, Yingzi aurait bombé le torse, montré qu'il était un loup à ne pas défier. Mais il était quelque peu déboussolé par la situation, et il savait qu'il n'avait pas à être ici, qu'il était en tort.

« Les renégats ? Est-ce la meute possédant ce territoire ? »

Sa voix était plutôt maîtrisée, mais le loup noir devait deviner son inquiétude et son étonnement dans chacun de ses mots.

« Je suis désolé, ajouta-t-il après un laps de temps d'hésitation. Je ne sais pas vraiment ce que je fais là, je devrais être ailleurs... »

Il eut un rire nerveux. Comment pouvait-il expliquer qu'il s'était endormi à un endroit et réveillé à un autre, sans paraître fou ? Surtout quand l'endroit dans lequel le destin s'était amusé à l'amener était le territoire d'une meute au nom menaçant, qui se livrait à des activités sûrement inquiétantes comme le laissait suggérer le loup inconnu en évoquant un "contrat" ?

Yingzi était dans de beaux draps.

Jaws of Thirst le regarda de haut avant de partir d'un petit rire qui avait quelque chose de derangeant ou de derangé.

"Une meute? J'ai l'air du bouffon d'un Alpha?! T'a bien raison, tu devrais pas etre ici, t'es sur la terre des mercenaires, des assasins ici et t'as pas l'air d'avoir ce qu'il faut pour pas te faire bouffer."

Il avança vers lui d'un pas tres tres lent avant de se stopper et de claquer des machoires.

"Jvais t'faire une fleur, jte laisse te barrer sans soucis en echange tu m'laisse une touffe de poils et tu m'portera une proie, genre une ptite biche ou un faon."

Il le fixa dans les yeux, créant surement un certain malaise chez l'intrus, apres tout jaws faisait toujours cet effet aux autres loups.

L'inconnu confirma les doutes de Yingzi : il se trouvait bel et bien au pire endroit possible. Il réprima un frisson. Il ne connaissait aucun échappatoire. Il ne savait pas où débouchaient les boyaux qu'il apercevait là-bas, au fond de la caverne. Il pouvait très bien s'agir d'un labyrinthe souterrain ; Il serait si facile de s'y perdre. De ne jamais retrouver son chemin. D'errer dans le noir, pour finalement mourir dans les entrailles de la Terre.

Toutefois, il resta impassible. Il demeurait calme, bien qu'il éprouvait une certaine nervosité et un désagréable malaise tandis que ses yeux étaient plongés dans ceux de son adversaire.

Yingzi ne se soumettrait pas. Il ne se soumettrait plus. Cela lui avait causé trop de tort, par le passé. Cela lui avait fait tout perdre. Alors, même s'il ne devait pas se trouver dans cet endroit infâme, il ne l'avait pas souhaité : il ne s'abaisserait donc pas à faire de la lèche à quiconque. Malgré tout, il souhaitait éviter la confrontation et régler le problème à l'amiable.

« Tu dis que tu me laisses partir en échange d'une proie. Mais qu'est-ce qui me prouve que la région est giboyeuse ? Peut-être qu'il n'y a rien, dehors. Peut-être que c'est la famine ici. Je ne sais pas où je suis, je ne connais pas cet endroit. »

N'importe quel autre loup, n'importe quel autre assassin pouvait arriver, à tout moment. Et leur effectif lui était inconnu. Il était donc nécessaire de trouver un arrangement, au plus vite et sans effusion de sang.

Puis Yingzi ajouta, d'un air suspicieux : « Ce n'est pas ici que je me suis endormi, hier soir... »

Pourquoi les renégats seraient innocents à son étrange situation ?

Jaws of Thirst afficha un sourire mauvais "Bouffe le!" hurlait la voix dans sa tete. Pourtant il resta calme, sans cesser de le fixer. Sa voix était toujours legerement grondante mais plus detaché.

"Ecoute princesse, que tu t'sois reveillé la c'est pas mon probleme, t'avais qu'a avoir plus de chance! Si t'es Ici soit tu file un contrat soit tu d'viens le contrat capich?!"

Il s'ebroua pour chasser un frisson et quelques poils morts qui le demangeaient.

"Alors l'contrat c'est qu'tu me ramene une proie, assez grosse, pas un lapin, un faon ca s'rai bien, y'en a plein les territoires de meutes au dessus, tu m'ramene ça rapido, ici, j'suis la chaque nuit, j'te laisse 6nuits pour me ramener ça, sinon les renegats te tombe dessus, l'chef il aime pas qu'on respect pas l'contrat et l'chef il adore bouffer du loup, t'etre meme qu'il s'videra, jsuis pas sur qu'ca l'gene qu't'es pas l'bon trou."

Apres tout fallait pas prendre les renegats pour des cons.

Un grondement sourd s'éleva de la gorge de Yingzi. Ce loup ne lui plaisait pas. Pas du tout. Son expression s'était peu à peu durcie pendant que l'inconnu parlait. Pendant que sa voix de vieille donzelle enrouée souillait sa personne à chaque mot. Il l'écouta débiter sa tirade, resta silencieux à ses sarcasmes. La colère enflait en lui, mais il la contrôla. S'énerver ne servirait à rien, sinon à l'engluer davantage dans cette situation inextricable.

Il était face à une impasse. Un mur sans fin, glissant, surmonté de piques acérées. Risquer l'escalade ? Creuser en-dessous ? Ou le contourner ? Cruel dilemme. Mais avait-il réellement le choix ?

On a toujours le choix.

Céder à la colère ? Se jeter sur le jeune insolent. Labourer sa gorge de ses crocs. Déverser son sang puant de mort dans la caverne. Combien seraient-ils à accourir pour le venger ? Combien en retour lui sauteraient à la gorge ? Combien lui videraient les entrailles ?
Écouter son culot ? Feindre la soumission. Mentir. Accepter pour de faux la proposition. Puis, une fois dehors, courir toutes pattes dehors. Le rattraperaient-ils ? Existait-il une échappatoire ?
Suivre sa raison ? Accepter l'arrangement. Se laisser guider hors de la caverne. Trouver une proie. L'offrir. Mais n'était-ce pas se soumettre ?

On a toujours le choix.

Peut-être est-il préférable, parfois, de ne pas l'avoir. D'être dénué de réflexion, de n'écouter que ses instincts. Peut-être. Peut-être pas ?

Yingzi se balançait discrètement, d'une patte sur l'autre. Certains auraient rongé leurs griffes, d'autres auraient mordillé leurs babines. Lui manœuvrait le poids de sa carcasse bouillonnante de réflexion comme la machinerie de bois et de fer tangue sur les eaux houleuses.

Son regard, perdu dans l'obscurité profonde de la caverne, revint fixer les billes ambre de son adversaire.

« Est-ce vous qui m'avez traîné ici pendant mon sommeil ? »

Il ne servait à rien de traîner autour du pot. Il valait mieux être direct. Au final, la réponse aurait une influence moindre pour Yingzi. Quelle qu'elle soit, elle ne le sortirait pas de ce mauvais pas. S'ils étaient responsables, qu'est-ce que cela changerait ? S'il voulait partir, il devait accepter le marché. Que ce soit temporaire ou non.

« Fais-moi sortir d'ici, grogna-t-il à l'intention de l'inconnu. »

Il avait choisi la voix de la sagesse. Ou du culot. Lui-même, il ne le savait pas encore.

Jaws of Thirst ne quittait pas l'inconnu des yeux, il ne perdait pas une miette de sa reflexion, meme si la patience du jeune renegat tendait a s'effriter à chaque secondes. "On a toujours le choix" , ces mots resonnèrent comme ceux d'un utopiste stupide aux oreilles de Jaws. Croyait il vraiment avoir le choix sur tout? Jaws afficha un sourire presque moqueur, l'intru comprendrais vite qu'ici il n'aurait que tres rarement le choix.
Le renegat haussa un sourcil, perplexe a la question du mâle. Le trainer ici?

"J'ai une tete a m'amuser a promener des loups?! T'arrive sur l'ile comme tout le monde pars ce que le destin a envie de rigoler un bon coup a te voir essayer de survivre."

Puis l'intrus sembla abdiquer, Jaws s'approcha, un sourire presque mauvais sur la gueule, le regard petillant de fierté.

"Oublie pas l'deal , jte conseil de me jeter une touffe de poils avant que jla preleve moi meme"

Il attendit de recuperrer la touffe de poils et lui montra le couloir de gauche.

"prend la, t'arrivera dans une place pleine de pierres de couleur et avec plein de couloirs, prend n'importe lequel c'est des sorties et j'te conseil d'eviter celui qui pue les renegats si t'a pas envie de risquer ta peau encore une fois."

Le chemin que prendrait le nouveau lui importait peu , c'étaait pas son probleme la meute qui le recolterait, tant qu'il avait sa part de bouffe.

"Degage maintenant et jte conseil de pas jouer aux malin, c'est jamais bon d'avoir les renegats a dos."

L'inconnu répondit à Yingzi. « J'ai une tête à m'amuser à promener des loups ?! T'arrives sur l'île comme tout le monde parce que le destin a envie de rigoler un bon coup à te voir essayer de survivre », lui disait-il, le fixant toujours de ses yeux ambres dans lesquels dansaient cette lueur malfaisante qui insinuait le malaise au plus profond de son être.

Yingzi ne prit pas la pleine mesure de ces paroles. Il se contenta de retenir que l'inconnu se dégageait de toute responsabilité quant à son réveil en ce lieu. Ses pensées balayèrent sans une once d'attention toutes les autres informations que contenaient ces simples mots. Bien mal lui en prit. Mais ce destin moqueur qui l'avait amené ici le lui rappellerait bien plus tard, non ?

« Et lorsque je reviendrais, qui devrais-je demander, si je croise un autre que toi ? »

Tandis qu'il attendait d'entendre le nom de son interlocuteur, Yingzi s'assit et entreprit de se lécher frénétiquement le poitrail et le haut des pattes. Il se sentait comme soulagé de ne plus sentir son regard happé par celui de son adversaire. De ne plus voir son air hautain. Ni ce sourire méprisant. D'être absorbé par autre chose que ce mal-être persistant qu'instaurait sa présence.

Il redressa finalement la tête, puis se releva. Fixant son adversaire dans les yeux, il cracha par terre. A sa salive se mélangeait un amas noirâtre.

« La voilà, ta touffe de poils. »

Un rictus imperceptible anima un coin de babine. Il avait respecté son deal, après tout. L'autre voulait une touffe de poils ? Il l'avait. Intérieurement, Yingzi se réjouissait que les températures aient tardé à remonter, que l'hiver se soit fait si insistant chez lui. Il était encore en pleine mue, les poils morts continuaient d'accrocher son pelage. Il s'ébroua, puis s'élança dans la direction indiquée par le loup noir.

Passant à côté de celui-ci, il lui jeta un dernier regard, sans répondre à ses dernières paroles. Il le jaugea, mémorisant ce personnage bien acerbe, qu'il ne souhaitait pas recroiser de sitôt.

Puis il s'enfonça en trottinant dans le boyau sombre de gauche, vers la sortie.

Spoiler:

Jaws of Thirst jeta un regard presque hautain au loup avant de balancer son nom.

"Jaws of Thirst, j'srai la tfacon!"

Il regarda la boule de poil gluante de base, pas repugné pour un sous, apres tout a coté de saigneur c'était presque propre! Puis l'odeur n'en serait que plus fort et la piste plus fraiche. Il la poussa dans un coin et regarda le male s'en aller dans les boyaux.

"A la r'voiyure microbe"

Lacha t'il avant de s'installer tranquillement. En attendant que le temps passe.

Hrps:

» Réveil Difficile et Perturbant [Abyss & Libre]
» Arrivée de Vlad dans un lieu inconnus, assez perturbant.
» Reveil d'un fossile.
» Un réveil ~ Une nouvelle vie
» Un nouveau réveil.