Apprendre à survivre

Seirei avait de sérieuses difficultés à avancer. En effet, il tenait dans sa gueule un rat... vivant. Amoché, certes, avec une patte arrachée par les soins du coyote, mais vivant. Le mâle s'était donné beaucoup de mal pour s'emparer de cette proie et ce n'était pas pour s'amuser ou pour se prouver qu'il en était capable. Il voulait apprendre à ses petits à chasser le plus tôt possible... ils allaient avoir besoin de devenir des chasseurs compétents et, plus tôt serait-ils capables de soutenir leur petite tribu, mieux ce serait. Si la famille entière allait à la chasse, ils seraient sûrement capables d'abattre des proies plus conséquentes comme des chevreuils ou des daims.

Il fallait commencer petit, toutefois. Et puis les rats étaient les seules proies qu'un solitaire pouvait attraper sans risquer sa vie face à une meute. Ils pouvaient être agressifs, et leur vivacité n'était pas sans poser problème. C'était peut-être mettre la barre un peu haut... alors Seirei n'avait pas hésité à sérieusement abîmer le rat. Il ne voulait pas qu'il puisse blesser ses petits ou s'enfuir.

Seirei posa le rat sur le sol, le coinçant sous l'une de ses pattes. Seule la faiblesse du rat permettait au coyote de le maintenir au sol d'une seule patte. Seirei lança une série d'aboiements brefs pour appeler ceux de ses petits qui seraient présents près de la tanière à ce moment. Certains étaient sans doute en vadrouille, ou alors près de leur mère.

J'étais entrain de faire la sieste tranquillement dans le terrier, puis un son m’interpellait, un appel, celui de mon papounet ! alors je me levais rapidement, baillant un bon coup, puis je me dirigeais vers l'origine de l'aboiement. Non loin de là, je pouvais déjà apercevoir mon père avec une chose sous une patte, qu'est ce que c'était ?

J'arrivais à quelques pas de lui, analysant la "chose" qui semblait être vivante...un rat. Il avait même une patte en moins ! il était handicapé ?

Je faisais un petit coup de truffe à la sienne en guise de salut à mon père, puis je m'asseyais en me léchant les babines, les yeux rivés sur cette proie ! j'allais enfin apprendre à chasser ! c'était palpitant ! j'écoutais les instructions.

Seirei, après quelques instants d'attente, vit arriver l'une de ses filles. Sakkihime. Le coyote répondit au salut de sa fille par une lèche sur le sommet de son crâne, puis il entreprit de lui expliquer ce qu'il attendait d'elle:

« Bonjour, princesse. Comme tu peux le voir, aujourd'hui tu vas t'initier à la chasse... il est très important que tu deviennes une bonne chasseuse plus tard, et notre proie principale est le rat. Celui-ci ne peut pas courir bien loin, alors tu as un avantage sur lui. »

Le coyote sourit de toutes ses dents, quelque peu excité à l'idée de voir les premières tentatives de chasse de sa fille - même si, clairement, le rat n'avait aucune chance. Même si la petite n'arrivait pas à l'attraper, l'adulte s'en chargerait. Seirei ne comptait pas sur le fait que Sakkihime soit capable de mener une grande chasse d'un bout à l'autre, elle était un peu jeune même pour une débutante. Mais ça irait - il voulait juste qu'elle commence à acquérir des capacités de poursuite, des réflexes qui lui seraient utiles plus tard.

« Je te demande d'essayer de le plaquer à terre comme je le fais en ce moment. Tu es prête? C'est parti! »

Seirei leva sa patte, laissant au rat la possibilité de s'enfuir. Ce qu'il fit en couinant, en clopinant sur ses trois pattes, mais avec une agilité surprenante.