[ Chasse ] Remplir les réserves de la meute

Les réserves de la meute n'étaient pas très fournies ces derniers temps, ce qui était d'autant plus curieux que les proies étaient abondantes. Il semblait que la plupart des loups chassaient pour se nourrir uniquement. Cela posait problème pour ceux d'entre eux qui, pour une raison ou pour une autre, ne le pouvaient pas. Bien entendu, les omega par exemple devaient passer après le reste de la meute question nourriture, mais il était stupide de les laisser affamés dans une période où les proies pullulaient...

C'est pourquoi, en rejoignant l'endroit convenu pour une nouvelle chasse en groupe, la louve arctique décida qu'elle emmènerait au moins sa part à la réserve. La femelle s'attendait à voir arriver Nikolaos, sa meilleure amie, mais il n'était pas exclu que d'autres membres de la meute soient attirés par ce rassemblement et par l'activité et la tension qu'il allait générer.

La louve arctique sourit à son amie en la voyant arriver. Il était vrai que les deux louves ne se voyaient pas beaucoup ces derniers temps - Nikolaos était très occupée par son rôle d'Alha et l'éducation de Destiny, et Moïra était la plupart du temps en train de surveiller les frontières du territoire afin de s'assurer qu'il n'y avait pas de problèmes. De ce fait, il était difficile de savoir où elle se trouvait: elle variait régulièrement ses itinéraires justement pour empêcher l'ennemi de prédire ses mouvements. L'ennui était que cette technique fonctionnait aussi très bien pour les alliés.

« Bonjour, Nikolaos, » répondit Moïra. « Je vais bien, et toi? Comment vont tes petits monstres? »

L alouve blanche n'utilisait presque jamais de diminutif, car elle trouvait qu'utiliser le nom complet de quelqu'un était un signe de respects. Ces idiots qui étaient incapables de prononcer correctement le nom d'autrui l'énervaient considérablement.

En parlant de petits monstres, l'un d'entre eux ne tarda pas à se pointer. Falkan accompagnait son père qui les avait probablement remarquées facilement. Moïra se tourna vers son Alpha qu'elle salua respectueusement, ne faisant pas partie de ces membres de la meute qui avaient du mal à accepter son autorité. Il était l'Alpha, c'était suffisant pour lui obéir sans discuter.

« Bonjour Khezan, Falkan. Je suis en plein forme, pour une bonne partie de chasse. Et vous? J'ai repéré un troupeau de biches non loin, peut-être pourrions-nous aller en prélever une. »

Khezan admonesta son fils et lui ordonna d'aller rejoindre la tanière. Il allait sans doute participer à cette chasse avec elles, ce qui était une bonne chose puisque cela leur permettrait de viser du gros gibier sans aucun souci. Question puissance musculaire et expérience, les trois loups réunis étaient vraiment à redouter.

Moïra retint un rire en songeant à tous les problèmes qu'une portée pouvait facilement apporter à ses parents. Nikolaos se plaça à ses côtés, leurs fourrures se frôlant dans ce mouvement. Il était agréable d'être aussi proches après avoir passé tant de temps éloignées l'une de l'autre, Moïra ne pouvait le nier. Puis, d'un signe de tête, elle invita les deux loups à la suivre en direction du troupeau de biches. Elle n'avait pas vu le moindre mâle parmi elles, bien qu'il soit possible qu'elle ne se soit simplement pas aperçue de sa présence. La louve arctique trotta avec précaution pour ne pas alerter les animaux. Il ne fut pas nécessaire d'attendre longtemps avant de découvrir les premières traces de sabots sur le sol humide qui longeait les rives de la Moriko.

Moïra ralentit et pointa les cervidés de son museau.

« Les voilà, » souffla-t-elle.

Les trois loups se trouvaient heureusement à l'abri de toute détection par leur odeur puisque le vent soufflait dans leur direction et non dans celle des biches. La louve arctique scruta le troupeau, cherchant un individu affaibli. Aucun ne semblait boiter franchement, mais il y avait des biches qui semblaient être plutôt âgées. L'une d'entre elles, en particulier, était allongée dans la boue qui constituait la rive de la Moriko et semblait somnolente. La louve arctique l'indiqua à ses partenaires de chasse.

« Que pensez-vous de la biche qui est à demi assoupie près de la rivière? » demanda la louve blanche.

Elle n'était pas une très bonne chasseuse, meilleure à suivre les plans des autres plutôt que de déterminer une stratégie par elle-même. Elle avait du mal à deviner les mouvements d'êtres non doués de pensée comme les loups.