Touchée, c'toi l'chaaaaat ! — Syliah and Huyana, yeah baby 8)

« Touchée, c'toi l'chaaaaat ! »
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La louve arctique trottinait tranquillement dans la galerie du reflet. Observant ces étranges blocs de glace qui étaient placés d'une manière stratégique, Syliah essayait de faire attention à sa trajectoire. Car la stratégie de ce lieu, c'était visiblement de nous faire perdre nos repaires et de nous envoyer droit dans un des "miroir" naturel que formaient ces blocs de glace.

À un moment, Syliah freina violemment sur ses quatre pattes, s'asseyant presque son son arrière train afin d'être sûre de s'arrêter assez vite pour éviter de se manger une des paroi de la galerie. Traître... La louve blanche se redressa et s'ébroua pour reprendre ses esprits. Elle était décidément bien paumée, au milieu de tout ces miroirs. Elle ne savait même plus où elle était, ni où était la sortie, par ailleurs.

Syliah reprit ensuite sa route, cette fois ci au pas, faisant encore plus attention à l'endroit auquel elle posait ses pattes. Elle manquait toutefois de se cogner encore une dizaines de fois malgré son attention. Compliqué de ne pas perdre le nord là dedans... cependant elle restait calme. Au moins, ici, il faisait frais.

C'est alors qu'elle remarqua quelque chose... une odeur. Une autre louve. Mais ce n'était pas une louve qu'elle connaissait. L'inconnue portait l'odeur du Kohinoor, et ce simple fait eu pour effet de rendre Syliah légèrement plus méfiante. Elle avait un mauvais souvenir de l'alpha de ce territoire. Elle espérait juste que ses camarades étaient moins... spéciaux. La louve s'arrêta alors, observant les environs, guettant le moindre signe qui lui montrerait l'arrivée de l'autre louve près d'elle.

Loin d'elle était l'idée de se cacher du regard d'un quelconque inconnu qui aurait été dans cet endroit. Il était déjà bien difficile de s'y retrouver entre tous ces miroirs alors autant ne pas jouer à cache-cache. La louve grise se mouvait silencieusement entre les parois de glace qui lui renvoyaient son image. Elle n'aimait pas trop ça mais il fallait bien qu'elle s'y fasse puisqu'à première vue, elle était perdue. Elle qui d'ordinaire avait un sens de l'orientation infaillible avait réussi à oublier d'où elle était venue. Cela faisait à présent quelques bonnes minutes qu'elle semblait tourner en rond et la chose ne lui plaisait que très moyennement, voire pas du tout. En réalité, elle avait l'impression d'être dans une position de faiblesse et elle détestait ça. Si seulement elle ne s'était pas éloignée de l'extérieur ! Peut-être aurait-elle alors eu une chance de retrouver la sortie... Ou l'entrée. Enfin, ça n'avait aucune importance.

La louve se mit bientôt à trottiner tout en tentant de ne pas déraper sur le sol verglacé. Il y avait là de quoi la faire chuter suffisamment brutalement pour qu'elle s'assomme. Et alors elle n'aurait plus eu aucune chance de sortir d'ici. A cette idée, elle grimaça et son regard ambré chercha activement une lumière quelconque qui lui aurait indiqué le chemin vers l'extérieur. Sans succès. La seule chose qu'elle trouva en ces lieux n'en fut pas vraiment une, il s'agissait d'une femelle au pelage immaculé qui n'appartenait pas à la meute du Kohinoor. Il fallait être méfiante mais sans plus, être naturelle. Bof, pour une tranquille, ce n'était pas trop difficile.

Syliah fixa la louve grise qui se rapprochait d'elle. Elle semblait plutôt zen et pas vraiment méchante. Bref, elle ne représentait pas une menace pour Syliah, en somme. La louve blanche la fixa, ne détournant pas le regard de l'inconnue.

« Je suis Syliah, et toi ? »

Demanda la jeune louve arctique, son regard bleu azur plongé dans celui ambré de la jolie louve grise. Était-elle autant paumée qu'elle dans cet étrange endroit ?

En tout cas, Syliah n'en menait pas large ici. Plusieurs fois, elle avait faillit s'assommer contre une paroi, plusieurs fois elle avait manqué de glisser sur le sol verglacé et de s'étaler de tout son long comme une mxrde au sol... bref, vraiment un sale endroit. L'endroit qu'elle détestait le plus sur Sarkan, probablement.

« Tu saurais pas où est la sortie, par hasard ? »

Demanda Syliah à l'autre louve, espérant que cette dernière pourrait la faire sortir de là. Elle commençait à se sentir oppressée dans cette espèce de caverne aux milles reflets !

La louve planta son regard dans celui d'Huyana, et cette dernière se rendit alors compte que l'inconnue adoptait une attitude de domination assez perceptible. Toutefois, elle n'était pas extrêmement marquée, ce qui plut à la femelle grise. Elle n'appréciait pas le fait de se soumettre, surtout par un individu dont elle ignorait tout, à part peut-être le nom puisqu'elle venait tout juste de le lui dire. Elle s'appelait donc Syliah, et cela collait parfaitement au personnage qu'Huyana voyait en face d'elle.

- Mon nom est Huyana, lui répondit la louve grise avant de planter ses prunelles ambrées dans celles de la femelle blanche, c'était une tranquille mais la soumission n'était pas nécessaire, elle n'était pas en face d'une alpha. Quant à la sortie, j'en suis navrée, mais je suis apparemment aussi perdue que vous.

Elle avait préservé le vouvoiement. Les raisons étaient évidentes, non pas qu'elle voulait mettre de la distance entre elles, mais c'était là une preuve de respect qu'elle tenait à faire valoir. Cela pouvait paraître dérisoire, voire même risible dans cette situation, mais Huyana trouvait de l'importance dans cette attitude. Son regard ne quittait pas celui de l'autre femelle, elle n'était pas agressive, ni même insolente, simplement neutre, stoïque. Elle ne laissait transparaître aucune émotion sur son visage, on ne pouvait y lire qu'un peu d'inquiétude. Rien à voir avec la présence de cette louve blanche, il était tout bonnement question de l'endroit où se trouvait la sortie. La perspective de rester bloquée ici à jamais était inacceptable.

- Voulez-vous que nous la cherchions ensemble ? Lui demanda la femelle grise en restant immobile en face de la dénommée Syliah.

Elle n'était pas de la meute, mais ce n'était pas pour autant qu'elle allait se montrer désagréable. Mieux valait s'épauler dans une situation aussi délicate que celle-ci, se bouffer le museau n'aurait servi à rien. Et puis, ce n'était pas dans la nature d'Huyana.

Syliah ne demandait pas aux inconnus de se soumettre face à elle. Ni même aux membres de sa meute, enfaite. Le plus souvent, lorsqu'elle demandait la soumission, c'est lorsque son interlocuteur lui manquait de respect ou se montrait trop dominant à son goût. Juste pour le remettre à sa place, en somme. Elle était juste. Puis elle agissait souvent en se mettant à la place des autres. Elle n'agissait pas si à elle même, ça ne lui aurait pas plus. Par contre oui, elle gardait une attitude de dominance. Mais c'était sans agressivité, elle montrait juste sa nature aux autres. À quoi bon la cacher ? C'était stupide.

L'autre louve se présenta sous le nom de Huyana. Joli nom... très doux. Délicat. Tout en rondeur avec les deux dernières syllabes qui possédaient le son "a". La louve arctique trouvait que les prénoms qui finissaient en "a" étaient toujours très doux. Enfin chacun son point de vue mais bon. La louve grise était apparemment autant perdue qu'elle. Mince.

Pour ce qui était du vouvoiement... Syliah ne vouvoyait jamais. Elle n'avait jamais prit l'habitude enfaite. Puis elle n'y voyait pas l'avantage, c'était une simple coutume juste débile. Huyana lui proposa ensuite de chercher la sortie ensemble.

« Avec plaisir ! Ce sera toujours mieux que de chercher seule. »

Répondit Syliah avec un petit sourire. La louve blanche commença d'ailleurs à marcher, essayant de se repérer dans cette semi-pénombre étouffante.

La louve grise voyait en Syliah quelqu'un de plutôt sympathique avec qui elle pourrait aisément rester quelques temps, elle semblait se montrer agréable et cela lui plaisait. Elle préférait ce genre de tempérament aux individus fauteurs de troubles qui, généralement, finissaient par devenir très agaçants. D'une personnalité calme et douce, Huyana aimait se trouver en présence de ceux qui ne cherchait pas les ennuis. Venant d'une meute qui occupait les territoires des amérindiens, la demoiselle s'était vue inculquer une discipline qui n'avait pas toujours été simple. Cette éducation, plutôt complexe et ayant besoin d'être peaufinée, demandait du temps. Toutefois, tous les louveteaux issus de sa meute natale étaient passés par cette étape et devenaient la plupart du temps des êtres plutôt paisibles.

- Avez-vous une idée d'où nous nous trouvons ? Lui demanda Huyana qui ne connaissait pas ce territoire.

D'ailleurs, l'endroit ne lui plaisait pas. Les reflets qui apparaissaient à chaque détour lui renvoyaient une image qu'elle devait prendre soin de reconnaître. Car non, la louve n'avait pas l'habitude de se regarder et son physique lui était presque inconnu. Il était difficile pour Huyana de rester calme dans un pareil lieu mais il fallait à tout prix qu'elle maîtrise son stress. Et ce fut donc avec cette peur panique de devenir nerveuse en face de la femelle blanche qu'elle put trouver la sortie après quelques longues minutes de marche.

Finalement, ce qui fixait le caractère de Syliah, c'était celui de ses interlocuteurs. Et leurs humeurs, aussi. Par exemple, Huyana qui était sympathique et bien elle retrouvait une Syliah plutôt sympathique. Selene, lors de leur première rencontre avait été plutôt rude. Et bien Syliah l'avait été également. La louve grise lui demanda ensuite si elle avait une idée de l'endroit où elles se trouvaient. Bonne question...

« Je sais juste que nous sommes dans la galerie du reflet. On passe par un territoire appelé la Leith pour venir jusqu'ici. Si on retrouve le bruit de l'eau, je pense qu'on pourrait retrouver la sortie. »

Expliqua la louve arctique à Huyana. Dingue, elle n'y avait pas pensé avant, à la Leith ! Parfois, elle s'exaspérait elle même. Enfin bref.

Syliah marchait tranquillement aux côtés de Huyana, faisant attention à ne pas se remanger une paroi en pleine face. Elle entendait au loin le bruit de l'eau sauf que... elle se rendit compte qu'avec la hauteur du plafond de la "grotte", et bien le bruit de l'eau résonnait un peu partout et faussait la donne. Sortiraient-elles un jour de la galerie du reflet ?

En effet, le bruit de l'eau résonnait partout dans cette étrange grotte. Huyana essayait de penser correctement mais ses idées ne se mettaient pas en place comme elle l'aurait voulu. D'ailleurs, elle se rendit bien vite compte que la "sortie" qu'elle avait pu voir quelques minutes auparavant n'était rien de plus qu'un énième reflet dans cette immense galerie. Cet endroit était rageant pour un loup, surtout pour ceux qui se disaient être des as avec un système de l'orientation sans précédent. Il était physiquement impossible de sortir d'ici sans avoir au préalable explorer ce lieu de fond en comble. La louve grise commençait à stresser et donc, à montrer les crocs. Huyana était très peu réceptive lorsqu'il s'agissait de nervosité, peut-être même était-elle claustrophobe. Il fallait dire que là où elle avait vécu, elle n'avait jamais eu l'occasion de se retrouver enfermée comme dans cette grotte.

- Raaah, mais où est-on ? S'exclama finalement la demoiselle en commençant à perdre toute emprise sur sa panique naturelle face au stress, elle commença même à ralentir le rythme pour se mettre à mordiller ses pattes avants.

C'était un tic qui la poursuivait depuis l'enfance. Elle se rongeait la peau des pattes, notamment celle de ses antérieurs. Bien évidemment, cela posait quelques problèmes puisqu'elle laissait couler le sang dès que le stress atteignait son apogée. Ici, elle ne faisait que ralentir son pas pour se ronger la peau, mais qu'en serait-il après une dizaine de minutes passées sans vision de l'extérieur ?

Heureusement pour Syliah, contrairement à son interlocutrice, elle possédait un certain sang-froid. Malgré l'agacement que lui procurait l'impossibilité de sortir de cette grotte rapidement, elle ne cédait pas au stress. Cependant, elle avait réellement l'impression d'étouffer dans ce lieu étrange. Elle avait l'impression de s'être retrouvée dans un vrai traquenard. La louve blanche commença alors à trottiner, cherchant activement la sortie.

N'entendant plus les pas de la dénommée Huyana derrière elle, Syliah tourna brusquement sa tête pour regarder derrière elle tout en s'arrêtant brusquement. La louve grise se trouvait à quelques mètres d'elle à peine, la tête entre ses pattes antérieures et semblait... se dévorer le bout des pattes. Curieuse, la louve blanche se rapprocha de cette dernière, méfiante.

« Hey... qu'est-ce que tu fais là ? »

Demanda Syliah à Huyana, d'un air choqué. Elle avait son regard azur figé sur les pattes de la louve grise du Kohinoor qui était entrain de littéralement s'arracher la peau au niveau de son espace inter-coussinets. Mais... mais... elle était folle ou bien ?! Avec la neige ses blessures lui feraient un mal de chien ! C'était la porte ouverte aux gerçures cette histoire.

« Il faut que tu t'arrêtes, c'est pas la meilleure des idées. On va finir par trouver la sortie, je te le promets. »

Souffla finalement la louve arctique à son interlocutrice. Elle tendit l'oreille, cherchant à se repérer dans ce labyrinthe de reflets. Puis elle reprit son pas, se guidant comme elle le pouvait. Syliah se stoppa brusquement lorsqu'elle vit devant elle se dessiner la Leith. Enfin ! Elle chercha alors Huyana de son regard, un grand sourire triomphant dessiné sur ses lèvres. Elles avaient gagné !

Plusieurs couinements de douleur accompagnèrent la mutilation dont était victime Huyana. Elle ne pouvait pas s'en empêcher, et c'était d'ailleurs là bien malheureux. Elle possédait des qualités, dont beaucoup pour devenir dominante, mais un stress pareil ne lui permettrait jamais de monter en grade. Et puis, elle n'en avait pas envie. Il y avait ce stress infernal qui lui déclenchait ce foutu tic et puis aussi des responsabilités à en tomber par terre. Syliah devait se rendre compte de la gravité de la situation car elle revint bientôt vers la louve grise afin de l'empêcher de faire de tels gestes contre elle-même. Huyana releva alors la tête pour plonger ses yeux ambrés dans les siens, les babines légèrement tachées de son propre sang. C'était promis ? Elle allait réussir à trouver la sortie ?

- Je... Désolée, souffla la demoiselle avant de se remettre correctement sur ses quatre pattes pour suivre la louve blanche, consciente qu'il fallait qu'elle se contrôle pour arrêter le massacre de ses pauvres antérieurs dont le sang coagulait à présent.

La neige lui faisait horriblement mal, cela n'arrangeait rien du tout, au contraire. Les blessures qu'elle s'était infligée la piquaient horriblement et devenaient vraiment douloureuses. C'était chaque fois la même rengaine dès que son adrénaline montait un peu trop. Toutefois, une fois que la sortie fut en vue, elle poussa un hurlement triomphant avant de laisser un immense sourire apparaître sur ses babines. Enfin !

La louve grise s'excusa en prenant un air tout à fait désolé. Enfin, c'était plus pour elle que Syliah lui avait demandé d'arrêter. Parce qu'en vrai, la louve blanche, elle se fichait bien des petits tics et manies de la louve grise. Chacun sa merde, dans un sens. Cependant, elle voulait essayer de l'aider à arrêter de se faire mal à elle même. Parce que ça ne servait à rien et c'était stupide. Même si c'était une manie involontaire et incontrôlable.

Observant la Leith, Syliah poussa un petit soupir. C'était vraiment beau cet endroit. Dommage que ce soit autant... oppressant. En tout cas, la louve au magnifique et long pelage immaculé plaçait cet endroit tout en bas de la liste de ses lieux préférés, ça, c'était sûr et certain ! Même si c'était un endroit fort sympathique, fallait l'avouer. Syliah avait trop ce besoin de voir le ciel pour aimer cet endroit. Elle avait besoin du vent caressant son épaisse fourrure, du soleil tapant sur son beau pelage blanc, de la lumière du soleil...

Syliah trottina alors le long de la Leith, dans une allure modérée afin que Huyana continue de la suivre. Rapidement elles furent de nouveau dehors, et Syliah profita de la lumière du jour. Enfin !

« Jamais je n'ai autant aimé la lumière du jour ! »

S'exclama la jolie louve blanche, en fermant légèrement les yeux.

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