Avec moi, tout va bien (Seren)

Seren était blottie au fin fond de la tanière, comme à son habitude depuis que la vague de froid s'était abattue sur Sarkan et même depuis sa naissance, tout du moins quand ses parents ne la forçait pas à sortir. Et elle préférait d'autant plus y rester depuis qu'une étrange louve qu'elle ne connaissait pas avait ramené sa mère sur son dos. La petite louve n'avait pas compris pourquoi sa mère ne bougeait plus et se laissait transporter ainsi comme un animal mort. Elle en était toute perplexe et avait tenté de réveiller sa mère, mais celle-ci n'avait fait que l'ignorer, et n'avait même pas ouvert les yeux, semblant dormir. Son père avait renvoyée aussi sec la louve inconnue et semblait si triste qu'il en paraissait inconsolable. Pour quelle raison, Seren ne saurait le dire, car elle n'avait pas encore compris que sa mère ne reviendrait plus jamais et surtout, qu'elle ne pourrait plus profiter de sa chaleur. De plus, quand elle voulu se blottir contre elle, comme à son habitude, elle fut surprise de ne pas sentir la chaleur coutumière l'envelopper.

Son père avait du trouver des trésors d'explications pour faire comprendre à ses petits que leur mère ne reviendrait plus et Seren avait eu beaucoup de mal à l'accepter. Depuis, elle refusait de sortir et si Abyss n'avait pas éloigné le corps de sa compagne pour s'en occuper comme il le voulait, Seren n'aurait pas voulu s'en séparer. Personne n'aurait songer à l'en blâmer, car au final, toute la famille restante ressentait la même chose. Quoique, pour Lilith et Ymir, cela devait peut-être un peu plus dure, car ils avaient assisté à la fin de leur mère.

Par la suite, dans les jours qui suivirent, Ymir et Obsidian partirent avec la louve inconnue qui avait ramené leur mère. Seren n'avait pas compris pourquoi et espérait qu'ils reviendraient bientôt. Elle attendait, craignant que sa famille et son univers ne vole en éclat. Et tout cela n'allait pas en s'améliorant, car un jour, son père vint la chercher pour une promenade, du moins c'était ce qu'elle pensait. Elle rechigna un peu, mais suivit quand même son père. Ce dernier l'emmena loin de la maison, lui faisant carrément quitter l'île secondaire, pour rejoindre la principale. C'était la première fois qu'elle en foulait le sol et, malgré le froid plus vif que sur l'île secondaire, Seren ne pouvait s'empêcher de regarder les environs, bouche bée.

Très vite pourtant, ils atteignirent la plage de l'île principale, celle nommée Sarkan. Un peu plus loin, elle vit qu'il y avait une autre louve qui semblait les attendre, son père et elle. Après s'être approchée un peu plus, Seren finit par reconnaître sa Tatie Plio et d'un coup, toute la mélancolie qu'elle ressentait depuis la disparition de sa mère s'envola et elle s'élança vers la louve. Cela faisait tellement longtemps qu'elle ne l'avait pas vue, mais si elle avait su dès le départ les intentions de son père, jamais elle n'aurait été si docile. Pour commencer, jamais elle n'aurait quitter la tanière, voulant rester avec sa famille, pas aller vivre avec des inconnus, si on exceptait sa Tatie Plio, bien entendu.

Abyys mit un peu plus de temps avant de les rejoindre. Seren, elle, gambadait autour de la louve de meute, requérant toute son attention, comme elle le faisait généralement quand ses frères et soeurs allaient s'occuper ailleurs. Seren avai toujours adoré les histoires que racontait Tatie Plio, s'imaginant à la place des personnages fictifs. Elle adorait rêver à tout cela et ce, sans fin. Mais il lui fallait toujours revenir sur terre, revenir à la réalité cruelle de la vie. Les rêves n'étaient pas fait pour eux, qui devaient principalement chercher à survivre en trouvant de la nourriture, chose plutôt difficile en ce moment à cause du froid.

Au final, quand la jeune louve comprit les intentions de son père, elle protesta de manière véhémente. Comment son père pouvait oser même songer à l'abandonner ainsi, même en la laissant au bon soins d'une meute et d'une louve en laquelle il avait toute confiance. Même si Seren appréciait grandement la louve, elle n'avait aucune envie de vivre avec elle et encore moins avec des inconnus. Mais quand son père s'en alla, bien décidé à la laisser, ici, ce fut Plio qui l'empêcha de le rejoindre et de le suivre jusqu'à la maison.

Son père, après un rapide câlin et la promesse de venir la voir souvent, s’en alla, bien plus vite qu’il n’était arrivé. Seren était très triste et voulait le rejoindre avant qu’il n’ait disparu de sa vue, mais la louve de meute, sa Tatie Plio, l’empêcha de partir à sa suite en tentant de la rassurer. Elle lui disait que son père avait fait ce qu’il fallait et ce uniquement dans son intérêt à elle, mais Seren ne parvenait pas à la croire. Tout ce qu’elle voyait, c’était que son père l’abandonnait. Comment pouvait-il seulement oser faire ça ? Seren n’en revenait pas et gémit comme jamais elle ne l’avait fait jusqu’à présent, hurlant même de sa petite voix fluette son désarroi et sa tristesse devant la trahison de son père. Car c’était bien ainsi qu’elle vivait cela, comme une trahison de la part de son père.

Plio tenta plus d’une fois de la rassurer, mais la petite louve refusait d’écouter et continuait simplement à hurler sa tristesse et à gémir. Elle ne comprenait pas et ne voulait pas comprendre les explications de Plio. Quand enfin, elle se clama un peu, elle regarda sa Tatie et lui demanda, d’une voix suppliante pourquoi son père avait fait ça ? Pourquoi l’avait-il abandonné ?

Seren regardait sa Tatie Plio avec une mine complètement décomposée, dévastée. Elle n'arrivait pas à se faire à l'idée que son père l'avait laissé là, que ce soit pour son bien ou pas. La petite louve ne parvenait pas à comprendre pourquoi.

Plio se fâcha quand Seren posa sa question. Elle qui n'avait jamais haussé le ton... Seren se coucha immédiatement sur le sol en applatissant ses oreilles sur l'arrière de son crâne. La louve de meute lui affirma que son père ne l'avait pas abandonné et que, malgré son geste, continuait de l'aimer du plus profond de son coeur, comme ses frères et sa soeur.

Seren écouta attentivement lesparoles de Plio, sans l'interrompre une seule fois. Quand elle eut finit, Seren demanda timidement :

C'est vrai ? Il m'a pas abandonné ? IL a vraiment fait ça pour moi ?

Plio lui fit un câlin et la prit ensuite sur son dos, avant de se mettre en marche. Seren prostesta un peu, mais sans grande conviction, car elle aimait bien être portée ainsi. Durant le trajet, Tatie Plio lui promit de lui montrer tout plein de choses, à tel point que la jeune louve finit par oublier son chagrin.

Une autre louve venait d'arriver à leur niveau. Aux yeux de Seren, cette louve était magnifique, si plein d'autorité et de confiance en elle, à tel point que la jeune louve se sentit insignifiante en sa présence. Et le fait qu'elle adopte une posture dominante et agressive vis-à-vis d'elle ne la rassurait pas des masses.

• Je peux savoir ce que tu fais ici ? Et qui es-tu ? lui demanda-t-elle.

Seren se recroquevilla, plaqua ses oreilles contre son crâne et ne répondit pas, bien trop intimidée pour oser lui adresser la parole. Au final, ce fut Plio qui expliqua le tout à l'autre louve. Que pouvait rajouter Seren à ce qu'avait dit sa Tatie Plio ? Rien aussi resta-t-elle silencieuse, observant toujours avec respect et une légère crainte d'être à nouveau rejetée, l'autre louve.

Seren était à moitié dissimulée derrière les pattes de sa Tatie Plio et observait l'échange, malgré qu'elle n'y comprenait pas grand chose. Cela dit, elle parvint à sasir quelques détails, notamment l'affirmation que Plio attendait des louveteaux. Seren regarda plus attentivement sa Tatie Plio et constata effectivement qu'elle était différente de son souvenir. Une nouvelle crainte s'insinua en elle : celle d'être écartée au profit des futurs petits, malgré que la future mère ait assuré être capable de s'occuper de Seren et de ses petits. Serait-elle, elle, capable de partager l'affection de la seule louve de sa connaissance dans ce nouveau monde ?

La petite louve sursauta quand l'autre louve adulte s'adressa à elle. Elle bafouilla une rpéonse, toujours aussi intimidée.

• Tr... trois... mois, répondit-elle.

Seren s'aplatit sur le sol et ne bougea plus, de crainte d'attirer encore plus l'attention.

• A trois mois, on n'est pas utile à grand chose. Alors soit, tu seras la future camarade et peut-être amie de mes descendants, déclara l'autre louve.

Malgré les termes un peu compliqués employés par la louve, Seren en comprit l'essentiel, à savoir qu'elle pouvait rester avec sa Tatie Plio. Contente, Seren se releva en agitant frénétiquement la queue.

• Merci ! dit-elle joyeuse d'être acceptée.

Même si sa famille lui manquait terriblement, Seren avait toujours rêvé de vivre dans une meute, ou tout du moins, depuis que sa Tatie Plio lui en dépeignait les avantages, tout comme les inconvénients. Mais la petite louve s'était plutôt concentrée sur les avantages, ce qui l'avait amenée à vouloir découvrir la vie qu'on y menait. Et voilà qu'elle en avait l'occasion.

Plio l'entraîna ensuite pour lui montrer où elle dormirait et une fois qu'elles se furent suffisament éloignée de l'autre louve, elle demanda :

• Tatie ? C'était qui cette louve ? Et c'est quoi des déden... Descen... dants ? dit-elle en bafouillant sur le mot inconnu.