• bring me to life. (priorité à elastrom )

how can you see into my eyes, like open doors?





Là voilà. Elle y est, enfin. Au point culminant de la falaise blanche. Le vent souffle rageusement dans sa fourrure aux teintes variantes et la fait danser. Dernière danse? Elle se tient droite, malgré que ses longues pattes oscillent imperceptiblement. Ses prunelles impassibles sont rivées depuis un moment sur le soleil décadent. Ses côtes ne se soulèvent que très peu. Elle respire doucement, irradiant encore des centaines de fois ses poumons endoloris. Son regard se mouve enfin, vers la plage qui s'étend, nonchalante, en bas. La rejoindra-t-elle? Elle n'avait que quelques pas à faire pour y arriver. Pour enfin se faire happer par elle, la faucheuse. Elle se rapproche encore un peu de ce vide délicieux, de la promesse. La fin du combat, le gong de retraite. Adieu, ô vie infâme qui pendant des années m'a torturée. Elle n'a plus aucune raison de se rattacher à elle. La louve va quitter ces bras qui l'ont étreinte, ces bras qu'elle déteste, et pourtant, sont si beaux, si doux, si jeunes. Elle rejette la tête en arrière, et délivre de sa gorge une douce mélodie, un hurlement de fin. Grave, monotone, solennel. Elle se prépare à se jeter de la falaise. Adieu, adieu, ô vie qui m'a tuée, vie qui m'a étouffée.

leading you down into my core, where i've become so numb.





La fin est superbe. Digne des plus grands films. Eurydice pose une ultime fois ses iris dorés sur l'astre solaire, et bande ses muscles presque estropiés. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres et ... une vive douleur se répand dans sa nuque. Un jappement de surprise s'échappe. Des crocs se plantent avec force dans sa peau tendre, et elle est brutalement traînée vers l'arrière. Elle ne tente même pas de se débattre, n'en n'ayant pas la force. Son heure de fin a donc été reportée? Retour à la réalité. Elle reprend son souffle comme si elle émergeait de l'eau. Un loup puissant se dresse au dessus d'elle, la dardant d'un regard ferme. Et qui est-il? Elle ne l'a jamais vu, elle ne le connaît pas. Et il lui parle, ou plutôt l'engueule. Elle lève ses prunelles embuées et tremblantes dans les siennes, se rendant compte qu'on lui avait encore une fois empêché de rejoindre les champs d'asphodèle.

- mais ... qu'est-ce que toi tu fous ...

Sa voix est brisée, tremblante, usée. Et pourtant si jeune. Qu'a-t-il fait? Il lui prouve une énième fois que la mort est une utopie, un idéal inaccessible. Ses prunelles descendent progressivement des siennes jusqu'au sol, et elle laisse tomber sa tête, décontenancée. La louve soupire, harrassée, épuisée.