Présentation De Tomoka

«J’étais fière. J’avais une vie, une famille. Là-bas, on m’admirait, on m’honorait. J’avais des talents. J’étais respecté. Un loup heureux je vous dis. Aujourd’hui je ne suis qu’un loup brisé, anéantit par les caprices de la vie. Je ne suis plus qu’une ombre, recherchant son réel but dans la vie. Je ne comprends pas. Je ne cherche plus vraiment à comprendre. Chaque jour n’est que d’interminables heures que je dois passer. Je n’ai plus l’envie, ni la patience de vivre. Je ne suis plus.»

Chapitre I : Le don.
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Le court sur patte se dirigeait, tête haute, vers sa tanière, une boule de plumes à la gueule. Sa meute, qui s’était déplacée quelques semaines plus tôt, s’était installé au bord d’une rivière, dans un cercle protégé par de nombreux rochers. Le petit, qui répondait au nom de Tomoka, avait vécu sa première sortie. Alors que ses frères s’amusaient à se bagarrer et sa sœur à découvrir le monde, le petit blanc, lui, s’était empressé de remplir a panse. C’est un faisant, presque plus gros que lui, qu’il avait réussi à attraper. L’oiseau avait été affaibli par un combat avec un autre de son espèce, et le petit blanc n’avait pas hésité à lui sauter dessus avant qu’il ne reprenne ses forces. Malgré le fait qu’il n’eût jamais vu aucun loup chasser auparavant, et que son savoir était réduit à son instinct, il n’eût pas grand mal à comprendre que l’endroit le plus vulnérable pour une proie était la gorge.

Et, à chaque sortie, Tomoka n’hésitait pas à s’aventurer afin de remplir le tas de viande nécessaire pour nourrir sa meute et évidemment, en profitait pour se divertir en même temps. La plupart des mères, jalouses que cet enfant soit si doué en chasse pour un âge qui leur était totalement ridicule, ne cessèrent de protester que ce n’était là que la chance du débutant. Chance ou pas, il n’empêche qu’à chaque sortie, il revenait, proie en gueule.

Avec les cours de chasse de sa mère, ainsi que les chasseurs de la meute, Tomoka évoluait beaucoup plus vite que la moyenne. A ses un an, il pu officiellement intégrer le rang de chasseur. Les jalouses s’étaient tut, comprenant que la chance n’avait rien avoir. Il était admiré par son talent, mais également par son caractère. Le loup avait beau être doué, charmant, rapide et imbattable dans son domaine, il restait d’un caractère doux et social, loin de prendre la grosse tête. Sa passion était devenue son devoir. Nourrir sa meute, survivre.

Chapitre II : Les hommes.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

A ses trois ans, alors que sa réputation n’était plus à faire, la famine arriva. Malgré les grands talents des chasseurs, la meute ne put éviter la mort d’un certain nombre des siens. Le gibier se faisait de plus en plus rare et les chasseurs parcouraient parfois jusqu’à six kilomètres afin de trouver un nombre ridicule de proies. Dans cette guerre contre la faim, Tomoka perdit l’un de ses frères ainsi que sa mère. Anéanti par la perte de ses proches, le blanc se promit d’aller jusqu’à mourir pour sauver les siens. Dès le lendemain, l’alpha décida de faire bouger la meute. Le loup décida de partir à la recherche de quelques proies et de les rejoindre lorsqu’ils seront installés. Cependant, le loup ne revint jamais.

Alors qu’il s’aventurait seul dans ces bois déserts et ayant déjà parcouru une bonne dizaine de kilomètre, tout en allant dans le sens de sa meute, il décida de prendre une pause. Même ici, loin de chez son ancien chez lui, les grosses bêtes se faisaient rares, laissant place à quelques mulots effrayés, ou des écureuils déménageurs. Les oiseaux ne volaient plus, les arbres ne chantaient plus, la mort était présente. Un hurlement inconnu attira son attention. Par-dessus quelques buissons, il vit pour la première fois de sa vie, un énorme félin, roux avec quelques rayures, enfermé dans une boite de couleur grise. La bête, étant d’instinct l’un des ennemis de Tomoka, semblait mourante, poussant des cris d’agonie. Ne la connaissant que par des légendes lointaines, et ne comprenant pas ce qu’elle faisait si loin des siens, il s’approcha pour la renifler. Le félin le regarda s’avancer. Dans ses yeux, on pouvait y lire de la peur, de la souffrance mais également de la méfiance. Tomoka vint la renifler avec une douceur extrême. Il n’était pas un canidé agressif, et loin de repousser les autres s’ils ne présentaient aucune menace. Après quelques minutes à le dévisager, à tenter de mordiller la cage, un craquement le figea sur place. La bête repris ses cris, ordonnant au loup de partir. Pour la première fois, Tomoka vit des animaux à deux pattes, dépourvu de poils. Ils n’avaient ni griffes, ni crocs, mais un regard tellement odin qu’il se mit à grogner. Les bipèdes échangèrent un regard complice, à la fois cruel et mystérieux. L’un deux se pencha et dirigea une arme vers lui. Le tigre poussa un dernier cri de désespoir, Tomoka sentit une légère pression sur son épaule. La fatigue le gagna. Il s’allongea, drogué, ne cherchant pas à comprendre le tour joué par ses malfaiteurs. Il ne possédait plus son corps. Ses yeux se fermèrent. Il entendit le félin rugir une dernière fois. Puis se fut le néant.

Chapitre III : Captivité.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Ses yeux s’ouvrir d’une lenteur extrême afin de s’habituer au noir qui régnait. Il essaya d’abord de se relever, mais ses pattes ne le portaient pas encore. Son corps était encore endolorit, mais la fatigue n’y était plus. Restant donc allongé, il jeta un coup d’œil autour de lui. La première chose qu’il aperçut, c’est ce métal, gris, dans lequel il était enfermé. Puis, sa vue l’emmena au derrière des barreaux, pour le laisser découvrir la trentaine d’animaux enfermés eux-aussi, dans des cages semblables. Serpents, renards, furets, félins et canins. Et bien d’autres. Tellement, que Tomoka n’en connaissait pas la moitié. Il reconnu le tigre qu’il avait vu lors de sa partie de chasse. Celui-ci était endormi recroquevillé sur lui-même, manquant désespérément de place. Bizarrement, le loup eu un petit jappement de joie. En tant normal, il l’aurait surement détesté. Il aurait même tenté de le tuer, car les félins représentaient une grande menace. Ils prenaient leurs proies et pouvaient même, dans l’extrême, manger les louveteaux, petites bêtes sans expériences. Mais, les circonstances étaient telles, que voir le félin le rendait heureux. Un allié, dans le même pétrin que lui.

Quelques semaines passèrent sans que rien ne change. Enfin, presque rien. Les bipèdes –que les animaux appelaient « hommes »- recevaient de temps à autres des coups de fil, et peu de temps après chacun d’entre eux, un animal partait à l’arrière d’une voiture. Tomoka avait compris pas mal de choses. Même si leurs langue n’était pas la même, et qu’il trouvait leurs agissements presque « extrême », il réussissait à comprendre ce qu’on faisait d’eux. Des gens appelaient, demandant de recevoir tel ou tel animal, contre un prix raisonnable. Servis comme moquette, viande, ou compagnie, les animaux leur étaient directement envoyés. Cependant, avant cela, les bipèdes les gardaient quelques temps afin de les habituer à leurs présences, et les rendre moins dangereux. Si Tomoka avait le cerveau d’un homme, il aurait vite compris que tout cela était inégal. Mais, pour lui, il en était ainsi. Pris au piège, les hommes n’étaient que des voleurs de vie.

Le tigre avait appris à se taire. A chaque rugissement, à chaque plainte, les hommes le bâtaient avec un fouet, ou un bout de bâton qu’ils passaient à travers les barreaux. Le félin était devenu vide, sans défense, ayant peur de se prendre encore et toujours des raclées. Il attendait sa pâtée. Et s’il ne la resservait pas, eh bien…Il ne la réclamait pas. Les hommes lui avaient fait comprendre qui décidait. Pourtant, Tomoka voyait les choses autrement. Trop borné peut-être. Lui, n’aimait pas les hommes, et le faisait comprendre. Sa douceur s’était envolée. Il passait son temps à dormir, en étant bien sûr dos aux hommes. Lorsque ceux-ci passaient à côté, il ne se privait pas de grogner. S’ils s’arrêtaient devant sa cage, le loup se mettait face à eux, les oreilles plaquées, montrant des dents. Mais il n’utilisait pas son énergie à essayer de les atteindre, ou de les mordre, car cela lui était tout bonnement impossible. Lorsqu’ils lui servaient sa viande –hideuse en passant- il grognait, et faisaient mine de mordre si on ne s’éloignait pas. D’ailleurs, il ne leur faisait pas le plaisir de manger sous leurs yeux, trop peur que ce geste soit interprété comme un acte de soumission. Non, Tomoka grognait, défendant ses biens en attendant qu’ils soient hors de sa portée pour pouvoir manger. Ne croyez pas qu’il était privilégié. Comme son ami le tigre, ou comme tout le reste des animaux il se faisait battre à chaque fois qu’il se montait contre l’homme. Mais au lieu de se replier sur lui-même à cause des coups et de la douleur, lui ne trouvait que l’envie de leur rendre la pareille ainsi que la haine qu’il éprouvait pour les bipèdes. Et, plus ils le frappaient, plus le loup devenait agressif, voir fou.

Chapitre IV: L'invité.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Au bout de six semaines de captivité, le loup fut désormais « prêt » pour la vente. Quelques jours auparavant, un homme riche était venu prendre le félin, qui avait perdu toutes raisons de vivre. Battu, affamé et fatigué, il était parti, collier attacher à une laisse, sans protester. Tomoka aussi avait beaucoup maigri. Il avait perdu de sa vigueur, de son éclat et surtout de sa joie de vivre. Le loup était devenu fou. Il ne haïssait plus les hommes, mais tout simplement le monde entier. La cage, les murs, et même les oiseaux qui le survolaient, pouvant encore battre des ailes en profitant pleinement de leur liberté. Au début, si le canin voulait partir, c’était pour rejoindre sa famille, ses amis. Reprendre son rythme ainsi que son honneur. Mais, la tête qu’il gardait haute auparavant était à présent sens cesse baissée, découvrant ses crocs. Dans ses yeux marron foncés on y lisait la haine, l’agressivité. Mais si on regardait attentivement, il y avait une soif de vengeance…Une envie de tuer. Mais les hommes lui étaient insaisissables. Même si, désormais, il se promenait en laisse à côté –promener n’est certes pas le bon mot. Il se faisait amener de force par une laisse pour se faire attacher puis battre.- les hommes étaient trop malins pour lui. Alors, il se vengeait sur tout ce qu’il pouvait. Sa laisse, sa couverture mais essentiellement les barreaux de sa cage.

Alors qu’il dormait tranquillement, ne comptant plus les jours qui étaient passés depuis sa captivité, une voiture –plutôt couteuse- vint se garer juste devant. Un homme, chauve et bien musclé, descendit. Tout dans son apparence prouvait qu’il était plutôt aisé. Tomoka le regardait sans se faire remarquer. Il était trop loin pour qu’il grogne et montre son mécontentement, de plus, il était fatigué. L’homme parla quelques minutes avec les bipèdes que Tomoka détestait temps. Soudain, l’un deux se retourna et pointa le loup du doigt. Quelques secondes après, tout trois le dévisagèrent. Tomoka n’hésita pas. Malgré la distance, il savait que l’on parlait de lui. Il se mit à grogner, puis à mordre l’air, créant des claquements de dents plutôt terrifiant. Les hommes n’en tinrent pas compte et s’avancèrent vers lui. Le loup blanc comme neige se recula le plus loin dans sa cage, tout en continuant à gronder.

« Etes-vous sûr monsieur ? Ce loup est vraiment désespérant…Celle-là, là-bas (il pointa son doigt vers l’opposé, désignant une louve plus qu’affectueuse.) est super. De plus, elle mange déjà dans la main, et puis…C’est une femelle ! » Dit l’un des hommes avec un clin d’œil.

« Donnez-moi un bâton s’il vous plait. » Répondit le nouveau.

L’homme s’empressa de lui donner un petit gourdin qui rentrait tout juste à travers les trous de la cage. A sa vu, Tomoka émit un grondement comme pour avertir qu’il n’était pas content.

« Hum Hum. Combien vaut-il ? »

« 600 balles m’sieux. »Répondit le troisième.

« Je vous le prends à 400. »

« Il est à 600. C’est un animal authentique. Un sauvage. Peu sont comme lui. »

« Vous aviez vous-même dit qu’il était désespèrent. C’est 400 ou rien. Ce loup est tellement amaigri que vous n’aurez rien pour sa fourrure. Et personne excepté moi voudrait de cette bête (Il pointa Tomoka du doigt.). C’est 400 ou rien. »

« Très bien, très bien. Il est à vous. »

Contrairement au félin, lui fut gardé en cage pour le voyage. On le mit à l’arrière de la voiture, une couverture au-dessus afin de le dissimuler. A leur arrivé, l’homme appela son fils. Tout deux le transportèrent à l’intérieur. Ceci n’était pas la maison de l’homme. Aucun homme ne vivrait là-dedans, pour sûr. C’était une petite pièce d’environs quarante mètres carré. Plusieurs cages étaient déposées les unes sur les autres, ou alignées à côté. Une bonne dizaine de chiens, tous l’air féroce étaient enfermés. A la vu du loup –et du maitre- ils n’hésitèrent pas à aboyer, se braquant sur leur cage comme des sauvages. Ils déposèrent le blanc près d’un berger belge. Tomoka ressentait l’envie irrésistible de l’achever, mais savait pertinemment combien la cage l’en empêcherait. Il se contenta donc de gronder, jusqu’à ce que le chien cède le premier. Fatigué de s’en prendre au nouveau, le Berger s’installa au fond de la cage et se mit à dormir. Tomoka l’imita aussitôt.

Chapitre V: Combats.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Son nouveau maitre vint nourrir les bêtes le matin suivant. Contrairement à son ancien territoire, ici se n’était pas de la pâtée mais de la viande, délicieuse, qui redonnait de l’énergie. Peut-être trop d’énergie d’ailleurs car Tomoka ne cessait de tourner en rond dans sa cage.

Tout au long de la journée, le loup entendait des chiens, des cris, des aboiements et des couinements aussi. Son maitre venait environ toutes les deux heures. Il déposait un chien blessé, le tapotait en disant « C’est bien mon grand » ou au contraire le giflait, pour lui montrer son mécontentement puis prenait un autre chien. Derrière, une centaine d’hommes criaient le nom des chiens que l’on emmenait. Le fils, celui qui avait aidé l’homme à ranger la cage de Tomoka, prenait le chien, soignait ses blessures puis le remettait dans sa cage. Bien souvent, il préparait aussi les chiens, en les excitants, tapant sur les cages pour les déchainer. A la fin de la journée, l’homme revint avec le dernier chien. Il était accompagné d’un de ses amis. Il donna le chien à son fils, qui s’empressa de répéter ce qu’il avait fait toute la journée, puis se dirigea vers Tomoka.

« Alors ? Belle bête hein ? » Dit-il.

« Pas sûr, tu l’as vu à l’action au moins ? » Répondit l’ami.

« Non, mais il sera super, crois-moi. »

Le lendemain, l’homme vint réveiller le loup. Il l’attacha, prenant bien soin de surveiller ses actions afin de ne pas recevoir de coups. Il le fit passer par une petite porte, qu’il ferma derrière l’animal. Seul, le loup était dans le noir. Une cage sans trou. A côté, il sentait les bipèdes, des centaines, qui retenaient leurs souffles. Le loup tourna, et gratta à la porte pour essayer de se libérer. Il ne comprenait pas ce qu’il allait lui arrivé, mais il savait que ça ne sentait pas bon.

« Mesdames et Messieurs. Aujourd’hui, vous aurez l’honneur d’admirer un spectacle inédit ! Combattre contre un loup ! Monsieur a été assez fou pour accepter le pari. Mastiff contre loup, les paris commencent ! »

Quelques secondes plus tard, une porte s’ouvrit, et Tomoka vit de la lumière. D’instinct, il bondit vers elle, mais une fraction de seconde plus tard, une porte s’ouvrit à l’opposer. Un énorme chien, musclé contrairement au faible corps de Tomoka, sortit lui aussi, courir vers la lumière. Tout deux en rogne, enragé de ne pas avoir vu la lumière, battu et battu encore, il n’avait qu’une envie, avoir de la place, pour eux seuls. Enfin autre chose sur quoi se défoulé. Pas de doute possible, les deux canins se sautèrent dessus sans précédant, oubliant gentillesse et douceur, faisant priorité aux grondements féroces et aux crocs acéré.

Tomoka n’avait pas l’habitude des combats. Il ne s’était battu qu’avec quelques mâles en guise de jeu, mais avait toujours favorisé la chasse. Mais là, question de survie. « Tue-le, tue-le ! » se répétait-il. Comment faire ? Il recevait des coups de partout. Les hommes carient derrière lui. Son pelage blanc était devenant rouge, de son sang comme de celui de son adversaire. « Imagine-toi que c’est une proie. Une proie féroce, mais une proie quand même. » Son instinct fit un tlit. Une proie ? Rien de plus facile. Viser la gorge. Le chien avait beau avoir plus de force, il ne touchait que les endroits peu importants de Tomoka. Au moment même ou la Mastiff leva la tête afin de prendre de l’élan pour son nouveau coup, le loup s’agrippa à la gorge, ouvrant ainsi la plus grosse veine de l’animal. Le chien fit un écart et s’écroula, Tomoka toujours à sa gorge. Ses battements s’arrêtèrent. C’était fini.

Il passa plus d’un an ici. Il fut employé jusqu’à trois fois par semaine. Son agressivité augmentait de jour en jour. Il en oubliait même pourquoi il excisait. Ses fonctions de loups ne servaient plus à rien. Et pour tout dire, il n’était même pas doué pour le combat. A la chasse, il avait sa tactique. Il faisait en sorte que sa proie s’habitue à sa présence, qu’elle devienne presque familière au point de ne plus se méfier de lui. Puis, au moment propice, l’attrapait par surprise, à la gorge, lui éclatant ainsi la plus grosse veine. Avec cette technique, il pouvait à lui seul avoir sa biche, ou même son cerf. Mais la chasse pour lui n’existait plus. Il se battait, mangeait, dormait, et recommençait. Un jour, alors qu’il allait bientôt passer, les spectateurs furent pris de panique. Ils crièrent tous « Les flics ! Au secours ! Les flics ! » Le propriétaire laissa la totalité de ses chiens, pris son fils et partis sans demander son reste. Des hommes ouvrirent la porte. Ils étaient tous habillés de la même façon. Ce fut pour eux un choc de voir tous ces chiens, qui auraient pu être si doux et amical, rempli d’agressivité et de haine.

En deux jours, ils saisirent la totalité des chiens, ainsi que le loup, pour les emmener dans d’autres cages encore.

Chapitre VI: Sarkan
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Les hommes qui l’avaient pris semblaient beaucoup plus gentils que tout ce que Tomoka avait connu. Cependant, le blanc avait oublié toute tendresse, et malgré leur bonté, il ne savait répondre que part des grondements féroces. Cependant, peu à peu, comprenant que les hommes ne lui voulaient pas de mal, le loup se calma. Non pas qu’il se laissait caresser, mais au lieu de grogner dès que quelqu’un passait, ou d’imiter de mordre pour les heures de nourriture, il se calait, au fond de la cage et attendait que tout se calme.

Sa cage était beaucoup plus grande, et il avait un petit accès sur l’extérieur. Depuis son arrivée, personne ne lui avait demandé quoi que ce soit. Ni de se battre, ni de faire le méchant, ou même de poser férocement pour les photos. Il y avait des centaines de chiens, bien traité, remuant la queue à la seule vue de l’homme. Tomoka était plutôt heureux ici. Enfin, il l’était mieux qu’avant. Mais revoir de l’herbe –de la vraie- ainsi que le jour, sentir l’air frais, se frotter contre un arbre lui rappelait la vie sauvage, une vie anéantit par la curiosité, la bonté et la volonté de sauver un ennemi de son ennemi. Mais, ce qui lui manquait le plus, c’était la chasse. Il avait beau essayé de prendre les combats pour de la chasse, jamais il n’avait éprouvé le plaisir qu’il avait ressentit en tuant une biche, un oiseau ou même un rat. Tuer un chien, tuer un membre de son espèce n’avait tout simplement aucun rapport.

Un jour, une dame vint se poser juste devant la cage du loup. Contrairement à avant, il resta tranquille, au fin fond de sa cage. Par mesure de sécurité, il montra ses crocs, mais sans aucun bruit menaçant. La dame était habillée en vert, avec un petit loup blanc sur le côté gauche. Une aidante vint s’asseoir près d’elle. Tomoka connaissait la jeune femme en bleu, car c’était elle qui le nourrissait.

« C’est donc lui le loup désespéré… ? »

« Oui…Battu, entrainé à tuer… »

« Est-il doué ? »

« Pardon ? »

« A-t-il quelque chose de remarquable ? »

« Eh bien, entre nous, j’ai remarqué qu’aucune souris du coin ne réussissait à traverser sa cage sans finir dans son estomac. De plus, parfois, j’ai l’impression qu’il traque la nourriture que je lui donne. »

« Un bon chasseur donc ? »

« Je suppose. »

« J’accepte de donner une nouvelle chance à ce loup. Oh… C’est horrible de voir ce qu’on a pu lui faire. La peur, la haine que l’on peut lire dans ses yeux… Cela me donne des frissons. En tout cas, il me semble parfait. »

« Parfait? Comment ça?»

« Cet animal a survécu tant au combat qu’à l’homme. Il s’est fait battre et a du résister à plus d’une centaine de chiens. Malgré son handicap (car Tomoka boitait légèrement, blessure d’une bataille) il a survécu. Et si tu regardes bien, là (Elle montra les yeux du loup. Celui-ci ne réagit pas) il ne s’est jamais soumis, il a du caractère. C’est un loup fier. C’est un élite, il n’y a pas de doute. »

La dame se leva, lui sourit et partit. L'aidante regarda le loup, un regard plein de tendresse comme un au revoir. Le blanc la regarda sans vraiment comprendre son expression. Dans ses yeux, il ne voyait ni pitié, ni compassion comme tous le regardait à son arrivée. Seul de l'amitié, de la gentillesse. C'était surement la première fois qu'il découvrait ces sentiments depuis son enlèvement.
La femme partit elle-aussi, laissant le loup seul. Il faisait presque noir, la nuit venait de tomber. Il se reposait, se remémorant la tendresse qui l'habitait avant. Surpris de se rappelait qu'il n'était pas qu'un loup détruit. Lui aussi avait été doué et fier. On l'admirait, on l’honorait. Il était. Il vivait. Même si la nuit ne s'était pas tout à fait installé, c'est dans toute ses pensées plutôt positifs (qui est une première), que Tomoka trouva son sommeil.

Il ouvrit les yeux. Les formes étaient floues. Peu à peu il pouvait distinguer un arbre, puis un autre. Il entendait de l’eau, il flairait des écureuils. Cette fois-ci, il ne tenta pas de se lever, sachant que son corps lui réclamerait un peu de temps. Sa vue devint net. Il vit une forêt, une rivière, des oiseaux, la lumière. Derrière lui, la mer, devant lui, la liberté. Il était libre. Il était loup. Il est sur Sarkan.