[Jugé] Faîtes venir le sang.

Un mal de crâne horrible lui vrillait la tête. Dans sa bouche, le goût du sang. Dans ses narines, le goût du sang.

Il ouvrit les yeux.

Sa vision trouble mit du temps à pouvoir apprécier son environnement. Papillonnement de paupières, le flou disparaît. Endroit inconnu, étrange, dénué d'odeur. Un endroit qu'il n'avait jamais vu auparavant. Et l'absence d'odeur ne donnait aucune indication quant à cet étrange lieu.

Peu importait. Pas d'odeur, pas d'appartenance. Ce territoire était libre. Il était libre pour lui. Et lui, solitaire, pouvait y faire ce qu'il voulait.

Ses muscles lui semblèrent grincer lorsqu'il se leva. Rouillé. Il s'étira, fit quelques foulées en rond, sans réellement se poser de question. C'était une tanière. Lui, solitaire, ne dormait pas dans une tanière. La belle étoile était son lit.

On l'avait traîné ici ?

Ils le paieraient.

Les timbales dans sa tête avaient cessé. Mais restait ce goût de sang, dans sa gueule. Appréciable. Agréable. Doucereusement bon. Goût exquis de fer.

Il en voulait plus.

Ses muscles étaient chauds. Eux aussi en voulaient plus. Il voulait les pousser, les solliciter, les réveiller.

Il voulait que tout ce monde se réveille, que ce fade ambiant brûle de vie et de sang.

Il voyait rouge.

Yingzi voulait attaquer, déchiqueter, égorger. Tuer.

Luan avait rêvé. Karsten était là, devant elle. Et il lui avait dit tout ce qu'elle ne voulait pas entendre. Elle avait pleuré. Et elle avait pleuré à son réveil. De rage, de tristesse. De deuil. "T'as qu'à te faire engrosser comme une de ces p*tasses d'Alpha. T'as jamais été une solitaire sans moi. Tu sais pas te débrouiller... A cause de toi, je ne serai jamais avec la Lune. Elle te répudiera, comme moi."

La charge émotionnelle était si violente qu'elle sanglotait de rage et qu'elle mordait l'air. Pire encore, elle était en chaleur, chose que Luan n'avait rien fait pour éviter. Elle avait oublié. Qu'est-ce qu'elle avait fait ?! Pourquoi est-ce qu'il revenait la hanter comme ça ? Lui, le seul et unique loup qu'elle avait aimé si profondément, qu'elle avait aimé totalement.

Puis elle vit ce loup. Elle ne le reconnut pas, elle ne reconnaissait rien. Elle voulait juste... Se venger. Se venger de cette vision déformée. C'était impossible, c'était un cauchemar. Et le seul moyen de sortir d'un cauchemar c'était de massacrer chaque ennemi.

Elle s'élança sans crier gare vers lui. Tant pis pour qui. Tant pis pour tout. Les chaleurs faisaient leur effet pour tout intensifier.

Une odeur monta au nez du loup noir. Enfin, une odeur dans ce néant olfactif. Et cette odeur le fit saliver.

C'était la doucereuse odeur des chaleurs.

Il sentit aussitôt son corps réagir. Combien de temps cela faisait-il ? Depuis un an qu'il était sur Sarkan, il n'avait pas goûté au plaisir de la chair. Et même avant, lorsqu'il avait été en meute, il avait dû s'asseoir sur ses envies suite à la dure trahison qu'il avait subie.

Il avait envie de sang. Et il avait envie de plaisir charnel.

Il se lécha les babines, se tournant vers la louve qui s'approchait. Il ne sentait que cette odeur de chair et de chaleur. Il ne fit même pas attention à la propre odeur de la louve. Il l'observa à peine.

Ses babines dévoilaient ses crocs luisants. Sourire menaçant, méchant. Rire carnassier, violent, qui sortit de sa gorge avide.

Elle lui fit le plaisir de s'élancer la première.

Il la cueillit comme il se doit. Gueule béante, claquante, crocs scintillants, prêts à plonger dans une gorge, sa langue prête à sentir couler le sang. Et son corps en ébullition, excité par le combat, ses muscles tendus.

Il jubila lorsque sa gueule se referma sur le flanc de la louve. Le sang qui s'échappa de la blessure coula dans sa gorge. Euphorique, un semblant de jappement s'échappa des babines du loup noir.

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'Bataille' :
[Jugé] Faîtes venir le sang. 6EyBpqm

Luan ne vit que trop tard que le terrain était contre elle. Et que lui aussi, était contre elle. Ce loup avait une qualité traitre. Sa noirceur... Lui rappelait celle du loup de l'à pic. Elle perdit l'équilibre et les crocs ripèrent sur le bas de son cou. Le sang coula.

La panique l'envahit. Son instinct de survie était plus fort que ça... Elle se retourna sans hésiter et détala comme un lapin en sens inverse du mâle. Autant éviter qu'un accident arrive. Le sang poissait son collier et avait ouvert sa peau et sa chair.

Ca faisait un mal de chien.

Un rire mauvais s'échappa de la gorge de Yingzi tandis qu'il se léchait les crocs. Puis, soudainement, la louve fit demi-tour et s'échappa. Le sang du loup noir ne fit qu'un tour avant qu'il s'élance après elle.

Il avait eu du sang. Maintenant, il voulait autre chose.

A pleine vitesse, ses longues pattes le propulsant en avant, il réussit à rattraper la louve. Il lui sauta dessus avant qu'elle ne s'échappe encore, la plaquant au sol. Sa vieille cicatrice, encore un peu sensible, tira un peu devant cet élan sportif, après la convalescence qu'il avait eue. Mais elle était heureusement cicatrisée, et ne se rouvrirait donc pas aussi facilement.

Tout son corps était sur la louve. Il se releva, grisé par l'odeur de ses chaleurs. Il fit mine de lui enserrer la nuque avec sa gueule - il cherchait à l'immobiliser et non pas à la blesser davantage. Il était néanmoins prêt à resserrer les mâchoires si elle bougeait. Sentir planer le coup de croc au-dessus d'elle suffirait peut-être à l'empêcher de bouger ?

Puis, avisant la croupe de la femelle, Yingzi entreprit de la saillir de force. Ses chaleurs l'enivrait, lui qui était resté depuis tant de temps sans ce contact corporel ! Les yeux à demi-clos, il y allait néanmoins avec une certaine douceur - autant de douceur qu'il est possible en de telles circonstances... Mais tout à son affaire, il se fichait que ce soit un plaisir non partagé. Il n'en avait cure. Le mal qui l'habitait, en cette triste matinée, faisait de lui un monstre. Et la Lune ne pouvait pas le sauver.

Yingzi, en extase, finit bientôt son affaire, poussant un râle de plaisir et de soulagement. Une fois ceci fait, il desserra doucement ses mâchoires, qu'il avait légèrement resserré sans se rendre compte, puis recula. Il avait l'impression de marcher dans un rêve bizarre, la tête lui tournait. Sans jeter un regard à la louve, il fit demi-tour et partit vers la plage qui s'étendait devant eux, tandis que dans sa tête bouillonnait cette part de lui, son être habituel, qui tentait de se battre contre cette nouvelle et autre part, démoniaque, qui attisait son goût du sang et l'avait poussé à dépasser les limites de la bienséance avec cette pauvre louve.

"**Immuable changement**" Messages : 131

Terminez votre combat, dont l'issue est telle que Yingzi reste dans le cirque des damnés.

Luan, ton sort sera scellé à ta fuite.

Yingzi gagne +5% par gain de combat.
Luan perd -2% par la défaite de son combat.

Le choc la laissa complètement paralysée. On aurait vraiment dit Yingzi... Son esprit, sans doute assez doux pour ça, lui lança un vieux souvenir. Un souvenir de Karsten. C'était lui qui était si doux, n'est-ce pas ? Mais la poigne de la mâchoire la ramenait régulièrement vers la "réalité". Etait-ce vraiment la réalité ? C'était peut-être un mauvais rêve.

Un mauvais rêve douloureux. Elle se sentit crispée, envahie. Ses mâchoires se serrèrent et elle tenta de repenser à de bonnes choses. Karsten et elle étaient dans une petite clairière près de rapides. Elle avait eu ses premières chaleurs là. "T'es sûre ?" Elle avait acquiescé. La douleur avait été rapide et remplacée par le plaisir, mais Luan n'en avait pas moins souffert sur l'instant. Elle était de retour là bas.

Elle se laissa tomber au sol. C'était poisseux. Etait-ce du sang, ou...? Elle ferma les yeux. Dormir. Elle allait dormir dans son rêve pour s'éveiller en réalité. Il le fallait.

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