[Entraînement solo agilité] Esquive et adresse !

Chaud. Il faisait chaud. Les nuages s’amoncelaient dans le ciel, formant une chape de plomb au-dessus d’Annalee. Le temps était lourd, orageux. Ce temps typique qui vous laissait épuisé, démotivé… Bien que le soir envahissait l’île de Sarkan, le soleil couchant était invisible derrière cette masse foncée.

Pourtant, un loup noir trottinait avec détermination, visiblement peu inquiet devant le velours gris qui recouvrait le ciel. Il avait envie de se dégourdir les pattes, de se motiver un peu. Et il se sentait motivé à se dépenser physiquement.

Tandis qu’il avançait, tandis qu’un grondement sourd se faisait entendre, le ciel craqua. D’abord de fines gouttelettes de pluie commencèrent à tomber ; Puis ce fut de grosses et nombreuses gouttes qui s’écrasèrent avec force sur le sol. La masse grise creva, puis ce fut l’averse.

Galopant plus franchement, Yingzi s’échauffa en zigzagant. Il courrait, sautait de biais, continuait sa course dans la même direction, sautant de nouveau de biais. Ses pas le menaient, il le savait, vers le sous-bois qui appartenait à Iselwyn, mais qui semblait davantage être un territoire similaire à Annalee.

Ses muscles s’échauffait doucement. Il se fit plus rapide. Arrivé en vue du sous-bois, il se stoppa, reprenant son souffle, levant la tête vers les arbres espacés. La pluie tombait à dru, lui brouillant la vue. Parfait. Ce serait plus… Amusant. Un vrai défi.

Il reprit son chemin vers les sous-bois, trottinant, puis galopant. Il arriva à la lisière des arbres dans le flou. Il accéléra l’allure.

Un arbre.

Il l’évita.

Un autre arbre.

Il l’esquiva de nouveau.

Il commença ainsi à slalommer entre les arbres. Sa vision était réduite avec l’averse : il les voyait au dernier moment. Il devait mobiliser toute son attention, toutes ses capacités pour être apte à sauter de biais avant l’impact. L’eau qui se déversait de plus en plus rendait le sol boueux et glissant, l’obligeant à faire preuve de davantage de précision dans ses sauts, de davantage de rapidité dans ses muscles pour ne pas glisser. Plusieurs fois, sa croupe frôla, et même impacta l’écorce d’un tronc surgit devant lui comme par magie. Une fois, il se prit même un arbre de plein fouet, ses pattes glissant dans la boue n’ayant pas de prise pour repartir. Il s’ébroua, recula, puis repartit de plus belle.

Petit à petit, ses muscles chauffaient, se crispaient. L’averse redoublait de puissance, comme ces averses orageuses qui semble vider toute la colère du Ciel sur la Terre. Le grondement sourd se faisait plus puissant, plus insistant. Mais Yingzi continuait. Son épreuve redoublait de difficulté : le sol était devenu une vraie patinoire. Le rideau d’eau s’abattait devant lui, brouillait sa vision davantage. Clignant des yeux pour chasser ces gouttes qui tombait sur ses paupières, s’efforçant à conserver le même rythme, Yingzi se surpassait.

Il fit une pause au bout d’un moment, reprit son souffle. Ses muscles cuisaient ; Il faisait travailler des muscles qu’il sollicitait assez rarement, et il le sentait. Il fit demi-tour, recula, inspira profondément, puis s’élança au trajet du retour, encore plus périlleux au vu de la vitesse qu’il avait prise cette fois-ci.

Galopant à vive allure, glissant dans la boue, sautant avec précision, Yingzi esquivait la plupart des troncs qui surgissaient devant ses yeux embués. Ses muscles fatiguaient, son souffle était court, mais il s’efforça à continuer son entraînement, toujours plus rapide, toujours plus complexe.

Puis, lorsqu’il approcha de l’orée du bois – il ne pouvait le voir, mais il l’entendait au bruit des gouttes qui tombaient sur la plaine et qui ne ricochaient plus sur les feuilles des arbres – il se mit alors à sprinter, pivotant au dernier moment pour esquiver les derniers arbres, faisant preuve d’adresse dans ce terrain boueux pour sortir indemne du sous-bois.

Lorsqu’il déboucha sur la plaine, il se stoppa, dérapant sur le sol boueux sur un bon mètre. Haletant, il se retourna pour regarder le sous-bois qui lui avait donné du fil à retordre et qui avait fait travailler ses muscles. Trempé, son poids lui semblait avoir doublé. Il avait l’impression d’avoir accompli une belle prouesse et se sentait plutôt fier de lui. En tout cas, il était vidé et bien content de son entraînement.

Le ciel gronda, un éclair déchira le ciel. Se disant qu’il valait mieux ne pas rester plus longtemps dans le coin, Yingzi repartit en direction des sous-terrains pour rejoindre Neona, où il pourrait se reposer tranquillement.