Only mystery

Cela faisait déjà deux petits jours que Syliah était arrivée ici, sur l'île de Sarkan. Elle avait rejoint la meute d'Annalee, qui était dirigée par Cherokee. Elle s'y plaisait bien, malgré le climat trop chaud pour elle. Tant pis, la demoiselle avait toujours fait dans l'originalité, et visiblement, ce n'était pas prêt de changer. La seule blanchotte assez stupide pour aller vivre dans des zones humides et tempérées, au lieu de rejoindre les terres qui ressemblaient davantage au grand nord. On pourrait presque mettre cette contradiction de la nature sur le fait que Syliah avait simplement un foutu caractère, et bien trempé, de surcroit.

Cependant, malgré son choix, la jolie louve blanche recherchait vraiment à se déplacer dans les endroits plus frais ou bien pourvu de grandes zones d'ombres voir même idéalement de points d'eau. Désireuse de découvrir les lieux qui l'accueillait, elle s'était rendue dans les terres qui n'appartenaient à aucune des meutes. Khthonia, c'était ça leur nom, si Syliah ne se trompait pas. Le lieu qu'elle avait choisi de découvrir en premier était La Nerezza, vu qu'elle était pourvue d'un style de gros... lac. 

Sans aucune hésitation, la jeune louve s'élança en direction de l'eau, plongeant dedans avec joie. Syliah avait toujours adoré l'eau, que ce soit pour son côté rafraichissant comme pour son côté... agréable. Elle adorait cette sensation de légèreté. Elle nageait tranquillement dans l'eau claire, cherchant éventuellement la présence de poisson pour en chiper un et qu'il finisse dans son gosier.

Plouf. Voilà qu'elle venait de plonger vers les profondeurs du lac, traquant une quelconque bestiole sous-marine. Quelques minutes passèrent, avant qu'elle ne daigne remonter à la surface, un poisson de taille moyenne entre le crocs. Syliah le jeta ensuite en l'air et se positionna de façon à le réceptionner directement dans son gosier. Elle prit toutefois la peine de le mâchouiller avant de le laisser faire son chemin jusqu'à son estomac. Délicieux.

Paf. Le bruit d'un cailloux dévalant le sol se fit entendre. La louve planta alors son regard couleur azur sur la silhouette qui se dessinait non loin d'elle. Un mâle solitaire, avec une robe couleur d'ébène. Mais... n'y avait-il que des mâles, sur cette étrange île ?! Syliah ressortie rapidement de l'eau, et une fois sur la berge, elle s'ébroua vivement pour chasser l'eau de son pelage. Un grand mâle noir... qui ne semblait pas être très enchanté. La louve se lécha les babines, se débarrassant des gouttelettes de sang qui lui étaient restées sur le museau.

La louve se contentait d'observer le mâle, sans mot dire. Pas envie de parler. Juste de le dévisager. La mauvaise humeur du solitaire déteignait sur elle, il n'y avait pas de doute possible là dessus. Pourtant, elle ne se montrait absolument pas agressive. Elle était peut-être téméraire, mais elle n'était pas folle. Elle savait très bien qu'il était plus fort qu'elle et donc qu'elle ne devrait pas engager la bagarre.

Dans un premier temps, elle se contenta de l'observer lorsqu'il la contourna et commença à s'éloigner. Hep ! Pas si vite ! Syliah fit volte face et suivit le mâle noir. Elle lui pinça la fesse gauche, désireuse de capter son attention. Puis elle s'arrêta.

« On ne se présente même pas ? »

Demanda t-elle, l'air faussement vexée. Elle s'était trouvé une nouvelle activité de talent ; jouer la comédie. Enfin, elle remarquait qu'elle ne devrait p'tre pas trop pousser le jeu avec ce loup là. Il semblait assez... noir. Autant par l'apparence que dans son lui intérieur. Il était sombre. Autant qu'elle était blanche.

En parlant de ça... Une idée germa dans sa tête et un grand sourire malicieux s'étira sur ses lèvres. Espiègle. On pouvait la qualifier ainsi, à cet instant T.

Délicate comme une fleur, elle se glissa à ses côtés, leurs fourrures s'entremêlant. Magnifique contraste. Le ying et le yang. Ahah, quelle touche artistique. Enfin bref, revenons au sujet principal. Syliah s'amusa à fourrer sa truffe entre les deux omoplates du mâle couleur ébène, cherchant à l'agacer, à le mettre hors de lui...

Elle lui ferait comprendre que NON, ce n'était pas le type de louve qu'on snobait ainsi. Oh que non.

Bingo. Sa réaction fut même plus vive que ce à quoi s'attendait Syliah. Tant mieux, ça ferait un peu d'action. Il la bouscula fortement et malgré le fait qu'elle fit quelques pas de traviole, cela n'eut pas pour effet de la refroidir. Non, loin de là. Oh... le grand méchant loup noir grognait. Moqueuse, elle fit de même, grognant d'une voix éraillée volontairement.

« Un chat dans la gorge, peut-être ? »

Lança t-elle en fanfaronnant. Restant non loin de lui, oreille pointées vers lui et queue dressée bien haute, elle l'observait de son regard azur. On aurait dit un chaton qui cherchait à se faire passer pour le grand lion de la savane. Hilarant. A se tordre de rire, à se rouler parterre. Réellement comique. A s'en tordre les boyaux.

Il était plus puissant qu'elle. Pourtant, elle s'en fichait royalement. Qu'il l'attaque, elle riposterait. Elle n'était pas de ces lâches, à s'aplatir comme une crêpe devant ceux qui était plus forts qu'elle.

À vrai dire, elle ne faisait même pas exprès d'appuyer la où ça faisait mal. Elle savait autant se défendre par ses crocs que par ses mots. C'était une bonne qualité qu'elle appréciait. Déstabiliser les autres en les rendant mal, uniquement par ses mots... Ouais, c'était une sacrée qualité. Mais pour que cela marche, il fallait que son interlocuteur soit sensible à des événements de son passé. Ou qu'il ait une faille. Un livre ouvert. Sinon, il fallait que leur esprit soit tel un livre ouvert. Voilà, c'était ça, qui la rendait si forte. C'était sa capacité à analyser les autres rapidement. Ça la rendait même vicieuse, ce don. Mais c'était la vie. Elle ne couinait pas pour ça, au contraire. Un don restait un don. Elle remerciait celui qui lui avait permit de devenir celle qu'elle était.

Syliah ne faisait d'ailleurs même plus attention au noiraud qui semblait s'être mit au yoga. Whaou... presque impressionnant. Elle écouta sa respiration qui se faisait plus calme. Elle eut presque envie de faire son coach ; 1 tu inspires profondément, 2 tu expires calmement et tu recommences. La louve blanche observa la surface de l'eau et se lécha les babines. Elle avait presque faim. C'était épuisant de le regarder enfaite.

C'est au moment où elle se décida à retourner en direction de l'eau qu'il lui sauta dessus. Il essayait de la mordre au cou, pourtant la louve blanche ne ressentait que des légers chatouillements pour le moment. Il fallait pas oublier que son collier était l'endroit le plus épais de sa fourrure... ! Lorsqu'elle en eut marre qu'il s'acharne sur elle, elle montra les crocs et grogna. Avant de finalement s'ébrouer vivement afin qu'il la lâche. Tout crocs dehors, elle se jeta sur lui, cherchant une prise sur le museau de ce dernier afin de le remettre à sa place.

Il ne savait pas à qui il avait à faire.