Famine

Il n'y avait plus de rats.

La famine était arrivée. C'était une impression claire et nette qui venait spontanément quand on regardait Pandore. Comme si cette disparition de la vermine des tunnels dont ils se nourissaient n'était pas suffisante, le nombre de solitaires avait beaucoup trop augmenté. Ils ne devaient plus qu'être une dizaine à peine, de rongeurs à courir dans les souterrains. Les serpents de cette nouvelle île les avaient tous bouffés. Et les conséquences sur les sans meute se faisaient ressentir.

Pandore passait son temps à arpenter Khthonia, affamée. Elle avait maigri; ses côtes se comptaient sous sa peau et sa fourrure était négligée, hirsute. Comme si ça ne suffisait pas, l'arrivée de cette nouvelle île et du Chaos avait considérablement augmenté la haine des loups face à son espèce. Elle était tombée encore plus bas que les derniers rats, rats qu'elle traquait sans relâche dans les souterrains devenus déserts.

La coyote fit volte-face en entendant un grattement. Rat. Un des derniers, sans nul doute. Sur un mur lisse, en plus... Elle banda ses muscles, et bondit. Le sang gicla de l'entaille à la gorge que la coyote venait de lui infliger. Arrachant les plus gros morceaux possibles sur la carcasse squelettique du rongeur, ne prenant même pas la peine de séparer la peau ou même les os, brisant ces derniers pour en extraire le peu de moelle à l'intérieur. Du rat qui, il y a quelques minutes courait dans les galeries il ne restait que des fragments d'os. Pandore ne comptait pas s'attarder ici, en tous cas et repartir au plus vite dans sa quête de nourriture, aussi répugnante et peu abondante ou même dangereuse à obtenir soit-elle.