[Jugé] Le temps de la violence

Hécate se réveilla, secouée. Quel était ce rêve? Très croyante, la jeune louve prenait très au sérieux les avertissements qui lui parvenaient via ce genre de chose. Inquiète, l'apprentie guérisseuse se leva, observant les alentours. Dans les ténèbres de Khthonia, elle ne pouvait savoir que le soleil s'était levé - mais elle remarqua deux choses: d'une, elle n'était jamais venue dans cette grotte, de deux, il n'y avait aucune odeur alentours qui puisse lui indiquer où elle se trouvait.

C'était parfaitement formidable. Elle devait vite retrouver un territoire connue, où elle risquait de se perdre encore davantage - la labyrinthe de tunnels qui parcourait l'île n'était pas à prendre à la légère. Pourtant, lorsqu'elle entendit des griffes racler le sol de la grotte, elle se figea... non pas pour fuir, mais pour affronter l'individu qui possédait ces griffes! La louve qui voulait être capable de soigner les autres et de les sauver s'apprêta, dans un grondement sauvage, à se jeter sur l'intrus. Cette soif de violence ne lui était pas coutumière, mis à part quand il s'agissait de son frère Erors. Pourtant, là, tout de suite, elle ne désirait qu'une chose: voir le sang couler!

Nahel ouvrit les yeux. L'air frais du matin vint assaillir ses sens de toute part. Ah, quoi de mieux que de se réveiller dans la Plaine aux Cerfs pour commencer une nouvelle journée... Minute ! Ce n'était pas la Plaine aux Cerfs ! L'Annalee scruta l'endroit d'un regard inquiet. Elle n'était jamais venue ici. Il n'y avait aucune senteur pour se repérer. La femelle avait beaucoup hésité quant à la disparition de la lune. Mais il semblerait que tout cela soit lié... Non, impossible ! Une déesse de la lune qui ne montre pas ses pouvoirs, ça n'existe pas. Néanmoins, elle se redressa tant bien que mal, scrutant chaque petit coin dès qu'elle entendait un bruit suspect. 'Fallait mieux rester sur ses gardes.
La truffe au ras du sol, les yeux relevés, elle avançait lentement, et ne se rendit compte qu'après que flairer le sol ne servirait à rien : Il n'y avait plus aucune odeur. Que ferait-elle si elle rencontrait un autre loup ? Avaient-ils subi le même sort qu'elle ? Tandis qu'elle réfléchissait à sa future réaction, une bouffée de haine l'envahit. Elle ne comprit pas pourquoi elle changeait d'humeur si brusquement, mais n'y prêta pas attention plus que ça, et laissa sa rage l'envahir totalement, sans lutter le moins du monde.

Un grondement parvint aux oreilles de Nahel. Il s'amplifiait. Une ombre était tapie juste devant elle. La noiraude ne prit pas le temps de réfléchir. Étonnant, n'est ce pas ? Elle qui trouvait toujours une tactique intelligente pour faire plier son adversaire. Cela prouve que tout ça n'était pas normal. Et encore moins son comportement barbare. La femelle se rua vers la silhouette qui se découpait plus nettement dans l'ombre, maintenant que ses yeux s'étaient habitués à la pénombre, bandant ses muscles. Une lueur hargneuse, presque sauvage, brillait dans ses prunelles vertes. Elle ne pensait plus qu'à une chose : Tuer son adversaire, tel qu'il soit, mâle ou femelle. Sentant qu'elle se rapprochait dangereusement de sa cible, elle bondit sur ce qui semblait être son dos, et atterrit gauchement sur celui ci, manquant de tomber sur le côté. Néanmoins, elle planta brusquement ses crocs dans sa nuque, s'accrochant à l'aide de cette seule prise qui s'avérait être un bon choix. Grâce à sa petite corpulence, Nahel devina sans mal que c'était une femelle. Un nouveau grognement s'éleva dans la Nerezza.

"J'vais te crever !"

Sa voix différait totalement de celle qu'elle employait d'habitude. C'était incroyable. Nous avons la preuve vivante que quelqu'un avait manigancé tout cela.

HRPG:

La louve noire qui se pointa semblait être dans les mêmes dispositions qu'Hécate. C'était parfait! Ainsi, elles allaient pouvoir passer au vif du sujet sans plus perdre de temps à discuter. Hécate se ramassa sur elle-même, puis, crocs à nu, attaqua son aînée. Elle tenta de refermer ses crocs sur la patte de cette dernière, ayant compris depuis longtemps que pour emporter un combat il fallait réduire la mobilité de son adversaire. La jeune louve ne sut toutefois pas si elle avait réussi à infliger des dégâts à son adversaire car, emportée par son élan et par le sol glissant de la grotte, elle dérapa magistralement jusqu'au bord de la rivière souterraine.

Là, elle tenta en vain de se redresser, mais peine perdue: elle se retrouva dans l'eau avec un plongeon tonitruant qui envoya voler des gouttes d'eau un peu partout. La jeune louve manqua de boire la tasse et, incapable de résister, fut entraînée par le courant.