♢ la gloire est à ceux qui gardent espoir - libre

Et doucement glissent tes songes les plus tenaces. Ils t'écrasent et te brisent le bonheur, t'inondant de toutes peurs. Autant de souvenirs qui se battent dans ton esprit. Ils perdurent et te torturent.
C'est le tintamarre des cerfs déchaînés qui me tire de mon état léthargique. Tirée de mes pires cauchemars, j'ai passé une nuit étrange. Mes yeux peinent à s'ouvrir, la luminosité du soleil de midi me pique les rétines. Pourtant, je dois me réveiller car quelque chose cloche. Ma mémoire doit être défaillante car je ne me rappelle plus de m'être assoupi, ici. Mon regard ambre commence à s'habituer à la lumière flamboyante dont la plaine est bercée. Je redresse mon corps engourdi sans me relever pour autant. Je regarde à droite, puis à gauche, sondant cette plaine de mes yeux captifs. Je ne reconnais rien. Ce n'est pas chez moi. Une sensation me dérange et je décide de lever ma carcasse courbaturée sur mes membres frêles. Je me surprends à trembler. J'essaie de canaliser ces spasmes pour ne pas que je flanche et retombe sur le sol. Je me sens terriblement fatiguée, comme si ce repos n'a pas servi à recharger mon énergie. Mes yeux se déportent vers le ciel où je juge le temps grâce à la position du soleil. Il se trouve au zénith, j'en conclus donc que ma matinée est fichue. À vrai dire, ce n'est pas le plus grand problème à résoudre. Je dois tout d'abord comprendre pourquoi je me suis réveillé ici, en solitaire. Je flemme à bouger mon corps squelette vers l'endroit où les cerfs ont fui.

Cet état léthargique, ce coma étrange qui m'a emprisonné dans un sommeil lourd. Bref, j'essaie de marcher, titubant par l'engourdissement de mes pas. Mais bordel, combien de temps j'ai dormi ? Je suis perdue, déboussolée, le regard fuyant dans le paysage qui m'est totalement inconnu. La confusion embrume mon esprit que je ne capte pas la présence d'une autre louve. C'est quand elle est près de moi que je la remarque. Je me retourne, mes yeux ambres se posent sur elle. Sa phrase m'interpelle. Elle a du m'observer pour savoir que je venais de me réveiller. Je sonde rapidement les horizons voir si elle est accompagnée. Elle semble être toute seule. Elle va peut-être pouvoir m'apporter des réponses. Euh... Bonjour. Je la salue, totalement désorientée. Je recule, gardant des distances. Je me méfie. Elle vient d'arriver mais peut-être qu'elle fait partie d'un groupe secret qui m'ont enlevé pour je ne sais quelle cause. Hum.. C'est ça, je viens de me réveiller. Lui répondis-je avant d'ajouter : Mais bordel, qu'est-ce que je fiche ici ? Je soutiens mon regard dans le sien, cherchant des réponses que cette inconnue pourrait m'apporter. Tu fais partie de la meute à Loki ? Je la copie et la tutoie alors. En tout cas, je doute que mon ancien alpha perdre son temps à faire cela. Mais j'y pense, ma réflexion me porte à demander : Ou c'est ma mère qui m'a retrouvé et qui veut me faire payer en m'envoyant en exil ? Je n'arrête pas de parler, beaucoup de questions mûrissent dans ma tête et je n'arrêterai pas tant qu'une réponse ne me sera donné. Pour cela, il faudrait peut-être que je laisse l'inconnue me répondre mais ma langue n'est pas prête à abandonner la partie, faut croire. Ou c'est simplement moi qui hallucine. Ce ne sera pas la première fois que je mange quelque chose de nocif, qui fait délirer mon esprit. Mais mon estomac me fait comprendre que je n'ai pas mangé depuis un moment en grondant donc je ne pense pas que je perds la boule. Excuse-moi, je parle trop. Mais tu peux me dire où je suis, au moins ? Mes yeux n'ont pas quitté le regard de la louve. Je décide de me taire enfin.

Je l'écoute me répondre. Je me retiens de ne pas l'interrompre, comme à mes habitudes. Que c'est dur, néanmoins je fais preuve de patience. Quand elle vient à raconter que je me trouve actuellement sur Sarkan, une île, mes pupilles se dilatent et je penche la tête. Elle peut comprendre que je suis surprise après toutes ces révélations. Mon cerveau réfléchit rapidement que cela me donne mal à la tête. J'essaie de trouver une explication logique du pourquoi beaucoup de loups ont terminé sur cette île. Et surtout que je ne suis pas la seule à être tombée dans un coma. Il y a des évènements inexplicables comme cela qui me tourmentent mon esprit et fait tourner mes méninges pour apporter une raison rationnelle. Mais elle n'existe pas. Puis bon, les loups ont su vivre avec cela, sans être gêné par l'inexplicable puisqu'ils ont monté des meutes, délimité des terres pour leur territoire. Je n'ai même pas bougé mon regard qui reste ancré dans les yeux de la louve noire, native de cette île. Je détourne enfin les yeux pour ne pas qu'elle se sente persécuté. J'ai mille questions en tête là ! Avouai-je. C'est le bordel complet dans mon esprit, il faut que je démêle tout cela. Donc on est sur une île. Mais comment est-ce possible ? Il y a encore hier, j'étais tranquille sur mes terres. Et puis, j'atterris ici comme cela. Dis-je en observant l'horizon. Ça sent la mauvaise blague.. Mes yeux ne sont pas restés longtemps à scruter le paysage, ils retournent dans le regard de.. Mince, j'ignore son nom. Bref, je m'appelle Wanted à titre d'information. Je ne lui demande pas son nom en retour, ça se fera si elle désire s'identifier à moi.

Je souris, dévoilant ma dentition quand elle m'avoua son nom. Naïade. Je me le marque dans mon esprit en me le répétant plusieurs fois. J'ai une mémoire quelque peu défaillante et il m'arrive souvent de ne pas retenir un nom, d'oublier quel nom pour quel visage. Bref, c'est ma tête qui veut cela. Alzheimer avant l'heure ? Peut-être. Bref, assez parlé de mon cerveau qui retient que ce qu'il veut. Quelque chose dans sa réplique m'interpelle. Hommes. Je ne serais pas surprise de savoir que les bipèdes sont derrière tout cela. Ils nous ont peut-être amené ici pour nous observer à travers une étude sur les loups. Je les vois bien derrière cette histoire, riant aux éclats en nous voyant évoluer sur une île coupée du reste du monde et sans issue pour en sortir. Bref, je me mets à imaginer certains scénarios dans ma petite tête. Oh, mais je n'aime pas qu'on joue avec moi. J'ai même ma mâchoire qui se crispe, me voyant arracher un membre à celui qui nous a conduit ici. Bon j'arrête avec les Hommes, ce n'est peut-être pas eux. En plus, si je me souviens bien, elle a parlé d'un certain Mene. En tout cas c'est ce que j'ai retenu. Ce patronyme ne me dit rien. Mene ? Répétai-je en sortant de mon silence qui commence à m'étonner et à me peser. Enfin, par respect, je l'ai laissée finir mais elle a bien fait mijoter mes méninges pour démêler toute cette histoire. D'ailleurs, il y a plein de nœuds à décortiquer. En gros, si je comprends bien, tout le monde s'est réveillé ici mystérieusement. Certains ont essayé de partir mais en vain. On se croirait dans un film à la Battle Royale. Si je mets la main sur l'ordure qui m'a amené ici, il passerait un mauvais quart d'heure. Mon regard se perd à nouveau sur les horizons. Rien à signaler. Il en revient donc à la noiraude comme toujours. Tu es sûre qu'il n'y a aucune solution pour quitter cette île ? Demandai-je avant de me rappeler que mon fils ainsi que toute la meute doivent se poser la question sur ma disparition si soudaine. Merde ! Dis-je à voix haute. Mais je ne le reverrai plus jamais, quand j'y pense. La révélation que j'ai eue ne me plaît pas du tout. Je commence à me mâcher la joue, perplexe. Toi et moi, on va mourir ici, c'est ça ? Il ne faut pas non plus être doté d'une intelligence de génie pour conclure cela. Tout est fichu. Enfin, je ne suis pas dépressive au point de me suicider. Voyons le bon côté des choses. En positivant, je peux dire que c'est un nouveau départ, que je reprends ma vie à zéro. Personne ne me connaît ici, donc il y a moyen de recommencer et d'oublier mes erreurs passées. De tirer un trait sur mon ancienne vie et d'en débuter une nouvelle.