Je dois trouver à manger - Libre

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis la dernière visite de la louve blanche du Kohinoor, celle qui avait soigné ses blessures. Devant rester le plus immobile possible, Arkaon ne pouvait donc pas trouver à manger. Par chance, devant son immobilité, certains rats s'étaient approcher suffisamment près de lui pour qu'il les attrape et les tue d'un coup de crocs décisif. C'était peu, mais mieux que rien.

Mais ce jour-là, il n'y avait vraiment aucune proie à sa portée. Il commençait à avoir vraiment très faim, au point qu'il s'en fichait maintenant, des conseils de la louve blanche. C'est pourquoi le loup noir se leva avec peine, en tentant de ne pas s'appuyer sur sa patte blessée. Puis il se mit en route en boitillant sur trois pattes, en quête d'une proie qui lui calerait l'estomac bien mieux que cette misérable vermine dont il avait du se contenter.

Les tunnels avaient quelques peu changé depuis la dernière fois qu'il les avait parcouru. D'autres tunnels étaient apparus, chacun marqué par l'odeur d'une meute, sauf un. Celui-ci menait à l'île de la déesse-lune et de son loup-prophète, un lieu où Arkaon ne pensait pas remettre la patte. Mais les autres sortie aboutissant sur les territoires des meutes, peut-être qu'il y retournerait rien que pour prendre un peu l'air, sans s'approcher de ce maudit temple. La vie devenait de plus en plus difficile pour les Solitaires.

Tic tic tic. Les griffes de la coyote résonnaient sur la pierre, trottinant souplement. Elle n'avait pas raison d'être discrète par ici, après tout, c'était un endroit neutre. Et même si on l'attaquait, elle connaissait mieux Khthonia qu'un loup de meute. Néanmoins, son allure reste plutôt nerveuse; même après tout ce temps, elle n'est toujours pas habituée aux espaces clos et souterrains, comme ici. Pandore leva le museau et orienta ses larges oreilles. Rat, encore et encore. Oui, elle s'en plaignait encore, mangez donc de la vermine à longueur de journée.

La solitaire se tapit au sol. Avant de sentir quelque chose, comme un malaise. Elle s'empêcha de gronder, de peur d'avertir sa proie. Elle sentait un espèce de mal de tête mêlé d'une nausée. Berk. Cette fois, en l'entendant, le rongeur noir déguerpit. Pandore pesta. Qu'est-ce qui la gênait comme ça? Pas la faim, elle avait mangé il y a pas longtemps. Pas la fatigue non plus. La coyote n'avait pas vu le maudit, trop concentrée sur sa proie. La rousse dressa de nouveau ses oreilles en avant, à l'affut. Ce rat-là, elle ne le raterai pas!

Avançant toujours clopin-clopant dans les souterrains, Arkaon cherchait de quelque chose à se mettre sous les crocs. Mais il était pas certain de réussir à chasser dans son état. Que devait-il faire ? La louve du Kohinoor n'était pas revenue le voir et il se demandait même pourquoi elle reviendrait au final. Il n'était qu'un loup rejeté par tous et affublé d'une malédiction. Peut-être serait-il plus facile pour lui de mourir ? Mais à chaque fois qu'une telle pensée effleurait son esprit, son instinct de survie la chassait à grand coups de corcs et de griffes. Non, inutile de penser à cette possibilité. Il ne lui restait plus qu'à se dépasser pour réussir à se nourrir seul.

Arkaon soupira de dépit. Jamais il ne parviendra à chasser alors qu'il boitait, faisant plus de bruit qu'un troupeau de buffles à lui tout seul. Comment faire ? Et surtout, il voudrait manger autre chose que les rats qui peuplaient ces lieux. Mais comme pour ces derniers, c'était inutile d'y penser.

Tout à ses réflexions, le loup noir ne remarqua pas de suite l'étrange animal tapit un peu plus loin. En l'observant un peu plus, il se rendit compte qu'il chassait, mais ce n'était pas un loup, bien que ça y ressemblait assez. Arkaon le regarda en silence un moment, tandis que l'étrange loup – il ne savait comment le nommer autrement – attendait qu'un rat s'approche pour le tuer. Il chassait. Le loup maudit en saliva d'avance, mais comment partager un rat, ces misérables petites créatures que l'on pouvait manger en une bouchée ? Et cet inconnu accepterait-il seulement de l'aider à chasser, compte tenu de la malédiction qui ne cessait jamais d'agir sur les autres?

Ne voulant pas faire rater la chasse de l'étrange loup, Arkaon attendit avant de se faire remarquer, même s'il pensait que sa présence était déjà connue à cause de la malédiction. Puis, quand le rat imprudent se fit attraper par l'étrange loup, Arkaon s'avança, toujours en boitant.

Salut

Les souterrains. Leur obscurité. Leur air étouffant. Leurs odeurs de vermine. Ces parois brutes et sombres. Ces boyaux sans fin. Un endroit que détestait Yingzi. Il sentit un frisson le parcourir de part en part. Ses poils se hérissaient sur son dos. L’angoisse s’insinuait dans ses tripes. Il inspira difficilement. Sa gorge était nouée. Son cœur palpitait.

Il haïssait cet endroit.

Ces tunnels, dans lesquels il avait ouvert les yeux. Il n’y était pas retourné volontairement, depuis. Il gardait un mauvais souvenir de ces cavernes trop petites. Il se souvenait des heures qu’il avait passé à chercher la sortie. De la frayeur qu’il avait ressentie à l’idée de mourir dans ce labyrinthe, loin de la lumière.

Son esprit avait travaillé ce mauvais souvenir, le rendant bien plus néfaste qu’il ne l’était, à tel point qu’aujourd’hui, il avait l’impression de descendre aux enfers. Il allait vers cette caverne, celle qui était plutôt jolie – bien que dans sa tête, le mot joli n’avait plus aucun sens en parlant de cet endroit – où des pierres étranges brillaient dans l’obscurité.

La faim au ventre.

Cette lancinante faim, qui l’habitait depuis des semaines déjà. Peut-être des mois ? Depuis son arrivée, elle ne le quittait plus. Elle l'avait poussé à rôder en ces lieux sombres, à la recherche de n'importe quelle viande comestible. Même de vermine...

Se nourrir sur cette île était trop compliqué. A cause de toutes ces meutes... Yingzi sentit une colère sourde poindre. Celles-ci abusaient de leurs forces. Il s’en fichait que ce soit un comportement normal ; Le fait qu’elles ne veuillent pas partager leurs proies l’énervait au plus haut point. Combien étaient-ils, dans ce cas ? Peut-être qu’une coalition de solitaires affamés pourraient leur faire céder un bout de terre ? Un rire rauque et acerbe jaillit d’entre ses crocs, résonnant sur les parois des boyaux caverneux. Cette faim, ce malaise d’être sous terre le rendait à fleur de peau. Ce n’était pas son habitude, d’être si… Colérique. Empli de rancœur. Méchant.

Il continuait d'avancer en direction de cette caverne, ruminant ses sombres pensées, lorsqu’il aperçut devant lui, de dos, un loup noir. Un malaise déstabilisant s’infiltra en lui. Un malaise qu’il connaissait. Une couleur de poil qu’il connaissait.

Cette enflure ?

« Jaws Of Thirst? »

Il était sur les nerfs, il ne supporterait pas une remarque de la part de celui qu’il croyait se trouver en face de lui. Celui qu’il associait à sa succession de malheurs depuis son arrivée sur cette île. Celui qui l’avait accueilli sans une once de compréhension à son réveil. Celui qui avait rendu les choses, déjà compliquées, encore plus pénibles. Un infime grondement sortait déjà de sa gorge. Et ce malaise, qui n’arrangeait rien.

Cette fois, la coyote tua le rat avant qu'il ne s'en aille. Elle sentit son malaise s'accentuer, en même temps qu'une odeur de loup qui s'ajouta dans l'air stagnant. Pandore se retourna, cherchant l'origine de sa sensation désagréable.

Derrière elle se trouvait un mâle noir, qui devait avoir son âge en plus d'une sale blessure à la patte. Ouch. Voilà qui devait faire sacrément mal. Et au malaise qu'elle éprouvait, il devait avoir eu du mal à trouver un guérisseur. Elle en était presque à le plaindre. Hum... Loup maudit? Elle avait entendu parlé de l'autre type de rejetons de Draugluin, plus rares encore que les coyotes. Sans doute en était-ce un; dans ce cas, il devait être son demi-frère. Savoir qu'elle avait une famille aussi nombreuse sur l'île était une étrange sensation.

- Salut.

Elle allait lui demander confirmation quand à ses origines quand une interrogation s'insinua jusqu'à ses oreilles. Jaws of Thirst? Etait-ce le nom du mâle noir en face d'elle? Tournant la tête vers l'origine des paroles, Pandore fut encore plus surprise que de voir l'intrus d'Iselwyn.

- Tiens, et salut le chasseur de chevreuils.

Elle allait de surprise en surprises... Mais les trois loups présents dans la grotte étaient des Solitaires, dont un son demi-frère. Pouvait-elle espérer autre chose que le rejet de part son espèce?

L'étrange loup se retrouna face à lui, mais n'eut pas le temps de dire quoique ce soit qu'une autres voix, venant de derrière Arkaon, retentit. Le loup noir se retourna d'un bond en grognant à cause de ses blessures et se retrouva devant un autre loup. Ce dernier n'avait pas l'air enchanté de voir Arkaon, sans doute à cause de la malédiction, mais le nom qu'il prononça n'était pas le sien, car évidemment, Arkaon n'avait jamais vu ce loup. En revanche, le loup et l'étrange loup semblaient s'être déjà rencontré auparavant.

Jaws ? Tu le connais? demanda Arkaon, surpris.

Arkaon s'écarta un peu, conscient que plus il se tenait loin, mieux les autres se sentiraient. Et peut-être qu'ainsi, ils accepteraient de l'aider à chasser, même un rat pour cette fois. Et puis, avoir des connaissance à défaut de relations, avec les autres Solitaires de l'île n'était pas une mauvaise idée. Oui, il ne fera rien pour se les mettre à dos.

Le grondement sourd de Yingzi se faisait plus fort encore. Concentré sur sa colère, il occulta la voix de ~~l’extraterrestre~~ l’animal à moitié loup qu’il avait déjà rencontré suite à une chasse ratée. Il fixait de ses yeux haineux la silhouette noire devant lui. Hargneux. Et ce malaise !

Celui qu’il croyait être Jaws se retourna. Une effluve différente parvint à ses narines. Ce n’était pas l’odeur de Jaws. Ce n’était pas la voix de Jaws. C’était… Quelqu’un d’autre, mais pas Jaws.

La colère de Yingzi retomba comme un soufflet. Il restait toujours cet énervement, cet état de malaise, ces nerfs à fleur de peau, mais plus cette colère qui menaçait de le faire exploser à chaque minute. Il inspira profondément et se calma. Il sentit ses muscles se détendre, et il se rendit compte à quel point la vue de l’autre renégat l’avait mis dans tous ces états. Ce loup, qui lui ressemblait étrangement, semblait d’ailleurs le connaître. Son odeur était celle d’un solitaire.

« Oui, je le connais, lui répondit Yingzi. Toutes mes excuses, j’ai eu un… différend avec lui qui m’est resté en travers de la gorge. »

Il avait dû s’abaisser à accepter de lui rapporter une proie pour que le renégat le laisse tranquille, le jour même où il s’était réveillé dans ces souterrains, paniqué et sans comprendre. Depuis, il avait cultivé son ressentiment et sa haine d’avoir dû, ne serait-ce que penser, à se soumettre ainsi. Aujourd'hui, il le haïssait et le revoir était bien la dernière chose qu'il souhaitait.

Il remarqua alors une chose bien étrange. En effet, lorsque l’inconnu s’était reculé, le malaise qui habitait Yingzi avait étonnement diminué. Cela l’intriguait, mais il garda cette interrogation pour lui et ne dit rien.

Il porta alors son regard sur l’animal, derrière le loup noir, qu’il avait déjà rencontré. « Salut », lui répondit-il en faisant un signe de tête. Il regarda le rat qu’elle avait tué. La charogne qu’elle devait manger pour survivre. Cela le répulsait, le révulsait. Le dégoûtait. Et pourtant les voilà, tous trois, solitaires, à devoir chasser de la vermine pour espérer vivre un jour de plus.

Il fronça le nez de dégoût, et sentit son estomac se tordre dans un borborygme répugnant. Un gargouilli bruyant et désagréable. Malgré tout, il avait faim. Malgré l’horreur qu’il éprouvait à manger une charogne, il rêvait de sentir ses os se briser sous ses crocs, de sentir son sang de vermine couler sur sa langue. Rien que ces pensées le faisaient saliver. Et pourtant, elles le dégoûtaient.

Horrible dualité.

Pandore entreprit d'orienter ses oreilles de façon à détecter un autre rongeur, même si ça ne l'enchantait pas. Les deux noirs semblaient avoir trouvé un sujet de conversation, et sa sensation de malaise avait un peu diminué quand l'autre s'était éloigné. Tant mieux.

Elle s'écarta un peu plus, reniflant les effluves sur le sol. Eux trois étaient des solitaires, que ce soit par choix ou par nécessité comme elle coyote et lui maudit. Enfin, elle supposait qu'il était loup maudit, même si elle n'en était pas exactement assurée. Eux trois devaient manger des rats pour survivre, ou aller risquer sa peau sur une terre de meute. C'était révoltant. Pourquoi les seules terres neutres de l'île se révélaient soit pleines de rats, soit stériles de sous-sol au ciel?

Finissant par dénicher un creux susceptible d'en abriter un, elle gratta la roche autour, dans le but de faire du bruit. Le rat sortit du trou avec une vivacité étonnante... échappant à deux pattes avant rousses tendues pour l'intercepter. La coyote bondit en avant et le rata de nouveau, de peu, mais le rabattant vers les deux mâles. Soit ils avaient assez de réflexe, soit le rat s'échapperai dans les galeries faiblement éclairées par les cristaux.

Arkaon ne savait pas quoi faire. Seul pendant il ne savait combien de temps à cause de ses blessures qui l'avaient immobilisé, voilà qu'il croisait le chemin de deux autres Solitaires, dont un qui était très étrange physiquement, et qui se révéla être une femelle en plus de ça. Visiblement, cette dernière était bien plus préoccupée par sa chasse à la vermine que par la discussion entre le loup et lui-même.

Je m'appeller Arkaon et on peut dire que Jaws est mon frère, même si nous n'avons pas la même mère, dit ensuite le loup maudit pour se présenter.

Arkaon regardait parfois en direction de l'étrange louve, tandis qu'elle creusait et tentait d'attrapper un autre rat, le premier attendant un peu plus loin. Raté, le rat parvint à échapper aux deux pattes de la chasseresse et fila vers... Arkaon et l'autre Solitaire.

Malgré ses blessures, Arkaon n'hésita pas et tenta de l'attrapper, car il avait vraiment trop faim pour laisser passer une chance pareille. Gardant sa pattes blessée bien à l'écart du sol, le loup noir sauta sur le rongeur et parvint à l'attrapper avec ses crocs qu'il sentit percer le corps du rongeur. Un petit coup de tête pour bien achever cette vermine et le voilà avec le corps flasque du rat entre ses mâchoires. Il le posa à ses pattes et regarda l'étrange louve :

Puis-je? demanda-t-il en désignant le rat d'un signe de tête.

Yingzi regardait la femelle à moitié louve tenter de débusquer un rat, trop préoccupée par sa chasse pour s’intéresser aux loups, tandis qu’il écoutait le dénommé Arkaon. Demi-frère de Jaws, hein ? Seule la ressemblance physique semblait, à première vue, tisser un lien entre ces deux protagonistes. Et cet étrange malaise, héritage familial ? La curiosité de Yingzi fut piquée, mais il n’osa même pas songer à laisser cette question traverser la barrière de ses babines. Cela ne le regardait pas, après tout. En tout cas, cet Arkaon semblait bien différent de son ignoble demi-frère. Il savait parler respectueusement, poliment. Et il semblait plus… Amical.

Yingzi, tendu, observa le manège des deux autres. La chasse de la « louve » - dont il ne connaissait toujours pas le nom, d’ailleurs ! - qui manqua de s’interrompre quand le rat prit la fuite. Le réflexe d’Arkaon, qui rattrapa le rat dans sa course, et demanda poliment s’il pouvait le manger. Il suivait tout ça, d’un œil à la fois intéressé et dégoûté.

Abaissant la tête, il regarda quelques rats, à plusieurs pattes de lui, qui grouillaient et empestaient la vermine. Il s’approcha doucement. Non, cela ne l’intéressait pas… Il donna nonchalamment un coup de patte dans l’un d’eux, sans atteindre sa cible, qui prit la fuite en couinant avec ses deux congénères. Il fronça le museau, puis s’assit, pensif, regardant leur queue immonde disparaître dans l’obscurité du boyau, plus loin.

Oserait-il un jour franchir le pas ?

Mais entre ce brin de vie procuré par la vermine et la mort, le choix était rapidement fait.

Restait à savoir quand cette limite serait franchie.

Et savoir que deux autres solitaires se sustentent de vermine à quelques pas de lui n'aidait pas... Yingzi avala sa salive avec difficulté, perdu dans ses pensées et son questionnement. Faim...

Pandore se releva de sa culbute alors que le mâle noir attrapait le rat. Elle lui répondit d'un signe de tête. La coyote avait déjà un rat pour elle, après tout.

- Vas-y.

En tous cas, les deux loups semblaient être partis sur une fabuleuse discussion de famille concernant un Jaws, Arkaon - le nom du maudit - et une rencontre précédente entre l'autre noir et ce Jaws qui était le demi-frère d'Arkaon, bref ça ne l'intéressait pas.

Enfin, si en fait. Demi-frère, le même père, sensation de malaise - comme elle en avait entendu parlé, drôle de coïncidence tiens. Donc ce noir - Arkaon- était bien son demi-frère.

- Rejeton de Draugluin, hum? Je m'appelle Pandore.

Sans lui laisser continuer, elle enchaîna:

- Jsuis ta demi-soeur et une coyote, avant qu'on me pose cette question stupide.
Jetant un regard au troisième solitaire, elle l'observa donner un coup de patte négligent à quelques rongeurs. Elle était indignée de devoir se nourrir de vermine, bien sûr, mais née sur Sarkan en tant que solitaire, outre les proies des vols sur les terres de meute, elle n'avait connu que ça. C'était même encore plus révoltant de s'en rendre compte, et le premier argumentant que les rongeurs faisaient partie du régime des coyotes hors de Sarkan, elle l'étriperai. Sans réfléchir.

L'étrange louve accepta qu'Arkaon mange le rat qu'il était parvenu à tuer malgré son état. S'installant lourdement sur le sol pour pouvoir reposer sa patte et manger de manière plus confortable, Arkaon se mit à dévorer le rat, malgré sa répugnance. Il avait bien trop faim pour faire la fine bouche.

Pendant ce temps-là, le solitaire, dont il ne connaissait pas le nom se mis à jouer avec les rats en les faisant fuir. Visiblement, il n'avait guère envie de manger ces créatures nuisibles, malgré sa faim. Mais peut-être aussi n'avait-il pas aussi faim qu'Arkaon lui-même. De son côté, l'étrange louve se présenta, après avoir demandé s'il était un rejeton de Draugluin. Elle enchaîna immédiatement avant que le loup noir ait pu répondre, s'il en avait eu l'envie, disant qu'elle était sa demi-sœur et une coyote.

Bien qu'écoutant qu'à moitié les paroles de l'étrange louve, Arkaon s'étrangla quelque peu en apprenant que cette... coyote... était sa demi-sœur. Elle était pourtant très différente de lui, mais peut-être était-ce pour elle une autre malédiction. Visiblement, elle pouvait vivre avec les autres, mais devait être rejetée à cause de son physique. Ainsi, chacune des progénitures avaient sa malédiction en elle, qu'elle soit physique pour psychique.

Quoi! demanda-t-il à la coyote. Tu... tu es ma sœur ? Je savais pas que j'avais une sœur, surtout aussi différente physiquement, sans vouloir t'offenser ! Je ne connaissais que Jaws, car il est affligé de la même malédiction que moi.

Arkaon regarda celle qui disait être sa sœur, à moitié seulement ou pas. Il ne savait pas si ça lui faisait plaisir de découvrir qu'il avait une sœur comme elle...

Up Yingzi

Comme prévenu dans le topic dédié aux absences, je suis actuellement en vacances et je ne répondrais pas avant une petite semaine Smile

Vermine grouillante, puante, répugnante. Appétissante ? Comment manger ça ? Comment manger ces choses qui traînaient les pires maladies existantes ?

La faim au ventre, fallait-il s’abaisser à perdre toute dignité et manger les rats peuplant ces tunnels lugubres ? Ou la dignité était-elle de s’accommoder de ces mets effarants et renoncer à jouer les voleurs ?

Peu importe ce dont il s’agissait, au final. Seule l’appréciation personnelle comptait. Et Yingzi était un bien piètre loup digne… Son pelage noir et étincelant avait été roulé dans la boue, roué de coups. Il avait le sentiment d’avoir perdu tout honneur et, de toute façon, rester honorable ne l’intéressait plus. Qu’importe le regard des autres pour un loup qui se veut – qui se proclame ! – solitaire ? C’est comme une carcasse rongée par les vers : avant, c’était bon et délicieux, mais maintenant, plus question d’y retourner, personne n’en veut.

Cette comparaison lui mit l’eau à la bouche. Revenant sur terre, il fixa l’un des rats qui s’enfuyait en couinant. Les deux autres loups parlaient d’affaires de famille, bref quelque chose qui ne le concernait pas. Et eux avaient l’air d’avoir fait le choix entre mourir de faim ou se sustenter de vermine suintante.

Au diable la faim !

Yingzi se redressa. Il avait l’impression que la tête lui tournait. Toutes ces questions, idiotes, pour une affaire d’éthique… Et cet amas de terre au-dessus de lui, autour de lui et même en-dessous… Tout cet amas qui pourrait l’engloutir comme un monstre affamé…

Il n’attendit pas et partit, laissant là la coyote et le loup qui faisaient de bien étranges frères/sœurs. Il aboya de rage – le fit-il reellement, ou l’imagina-t-il ? – sur son chemin contre quelques rats indolents qui trainaient dans les sous-terrains.

Il détestait cet endroit. Il détestait ces sous-sols, ces rats, ces boyaux étroits.

Il partit en direction de la surface, où peut-être pourrait-il voler un moineau à manger – ce serait toujours mieux que de la vermine. S’il fallait voler pour manger sans regrets, il le ferait.

Out

Pandore regarda le noir s'éloigner, visiblement toujours aussi motivé pour voler les meutes. Eh bah, s'il comptait encore attraper des chevreuils, il avait intérêt à mieux réussir son coup que la dernière fois. L'étonnement de l'autre ne la surprit pas tellement, à vrai dire. Avec le départ du troisième solitaire, ils se retrouvaient à deux dans les souterrains. Souterrains et malaise à cause de l'autre, pas un bon combo pour la jeune coyote.

- Je pensais que Draugluin n'avait engendré que des coyotes, jusqu'à ce que j'entende parler des loups maudits comme toi.

Elle avait fait la fière en paraissant savoir de quoi elle parlait, mais tout ce qu'elle disait jusqu'ici avait été petit un un coup de poker et petit deux les seuls informations dont elle disposait sur ses demi-frères. Elle n'en savait pas plus que ça, mais elle n'aimait pas beaucoup avouer une faiblesse, à vrai dire. D'ailleurs, Pandore aurait bien aimé savoir si les loups maudits étaient plus ou moins que les coyotes. En revanche, un détail la titilla. "Jaws" était-il un coyote ou un autre maudit? Bien vite elle balaya cette question. Si Arkaon n'était pas au courant pour les coyotes, il n'y avait pas de raison qu'il en soit un vu qu'ils se connaissaient visiblement.

Le loup noir terminait son rat quand il entendit un des bruits de pas. Relevant la tête, il vit le Solitaire s'en aller, sans même un mot. Il n'avait pas voulu manger de rat et Arkaon pouvait le comprendre. Ce n'est que parce qu'il avait vraiment très faim et qu'il se sentait incapable de chasser pour le moment qu'il s'était contenté de cette vermine. S'il avait eu le choix et les capacités qui lui manquaient actuellement, il n'aurait pas hésité à aller chasser sur les terres des meutes. Ces dernières n'avaient pas voulu de lui et l'avait exilé avec sa mère alors qu'il avait à peine quelque jours. Alors, il n'hésiterait certainement pas à aller voler une ou deux proies, qui soit dit en passant, ne risquaient pas de leur manquer. Il y avait bien assez de proie pour eux tous : loups de meutes et solitaires. Pourquoi les solitaires devraient-ils se contenter de vulgaires rats qui ne parvenaient même pas à caler un estomac qui criait famine ?

En regardant la coyote, Arkaon vit qu'elle aussi avait comprit le dilemme du solitaire, dont il ne connaissait toujours pas le nom. De même, elle semblait savoir où il partait ainsi. Bien trop occupé à manger son rat, Arkaon n'avait pas vu le combat qu'il avait livré avec lui-même au sujet des rats et de ce qu'ils représentaient pour les solitaires comme eux : un moyen de subsister, mais aussi des animaux répugnants.

La coyote parla, disant qu'elle ne pensait que leur géniteur n'avait engendré que des êtres comme elle, jusqu'à ce qu'elle entende parler d'eux.

Je crois que je préférerais être à ta place ! répondit Arkaon. Au moins, tu peux cotoyer d'autres loups ou coyotes comme toi!

Les paroles d'Arkaon avait un ton blasé. Il en avait vraiment assez de vivre seul, sans pouvoir trouver de réconfort auprès des autres. Même chez les Renégats, on n'avait pas voulu de lui, il n'avait sa place nulle part sur cette île. Et en plus, il ne pouvait pas la quitter, il était prisonnier ici.

Pandore sentit son instinct de survie protester quand Arkaon lui parla de cotôyer des loups. Elle, dans une meute, c'était à peu près le même tableau que des flocons de neige dans un désert plat et aride: absolument insensé. Et hors de question.

- Des loups? Si toi tu es un maudit et un ennemi de Mene selon eux, alors on est des pilleurs, profiteurs et de la vermine pure. Il y a à peu près autant de chance qu'un loup accepte un coyote dans sa meute que de pouvoir partir de cette île. Concernant les coyotes... C'est tant est qu'on en trouve, sachant qu'on est trois à priori sur tout Sarkan.

De plus, il ne faisait aucun doute que son côté de Solitaire était encore plus développé chez elle que chez certains coyotes; elle était née ainsi et le resterai. Quoiqu'il advienne, bien qu'évidemment, il y avait une différence entre quelques coyotes se protégeant ensemble des loups et une vraie meute. Ca avait aussi pour conséquence qu'elle n'était pas tant jalouse que ça de Sorrow et Seirei, et qu'elle était très bien dans sa propre tanière non loin de là.

Arkaon regarda la coyote e penchant la tête sur le côté.

Trois, c'est toujours mieux que de devoir rester seuls car tu provoques le malaise chez quiconue t'approche trop près. Même auprès de Jaws, l'autre maudit comme moi, je ne pas rester.

Finalement, les vies des deux solitaires étaient aussi peu enviable l'une que l'autre, même si, selon Arkaon, la sienne l'était encore moins que celle de Pandore. Qu'ajouter de plus ? Tous deux avaient des vies pourries à cause de leur géniteur. Arkaon le maudit silencieusement.

Au final, nos deux vies sont guères enviables par les autres, répondit la loup noir. Enfin, merci pour avoir déniché ce rat. Je n'aurais pas réussi à le faire seul pour le moment,, ajouta-t-l en montrant sa patte.

Saluant la coyote en disant apprécié de la revoir une autre fois, Arkaon s'en alla, toujours en boitant.

Out pour Arkaon

Trois, c'était mieux certes, mais pas un semblant de meute non plus. De toute façon, Pandore avait un peu de mal à se mettre à la place de quelqu'un né dans une meute, et voulant y rester. La coyote n'était franchement pas intéressée par une meute, avec des règles, des chefs, des chefs pour les chefs, des souffre-douleur, gnagnagna.

- Tout ça à cause d'un loup noir soit-disant terrifiant, grommela la rousse. De rien. Et sans doute à un autre jour.

Etre Solitaire, faire sa propre vie, aller où on veut sans provoquer la colère que des meutes... En tant que sans meute, les seules barrières étaient celles qu'elle s'imposait elle-même. Même si il y avait quand même une différence avec un petit groupe de coyotes, qui vivaient comme bon leur semblait. Pandore se retourna, trottinant plutôt vite et nerveusement vers la cavité Braith.

[out]