[Naissance] Dernières heures de tranquillité

Moonlight était épuisée. Épuisée de ces dernières heures où elle n'avait d'autre choix que celui de rester au chaud, couchée dans sa tannière, à attendre. Elle souffrait, les petits bougeaient de plus dans son ventre et de ce fait ne cessaient de lui faire mal, esquissant ainsi de multiples grimaces qu'elle pensait bon de rester secrètes étant donné qu'elle se trouvait seule. La cuivrée avait pris soin de s'installer confortablement, consciente qu'elle vivait ses dernières heures de tranquilité. Tout cela serait fini, d'ici quelques heures.

Alors le travail commença, silencieusement et douloureusement. Quelques heures plus tard, Moonlight avait donné naissance à deux louveteaux qu'elle chérirait le reste de sa vie et qu'elle s'engageait à protéger. Des responsabilités supplémentaires dûes à son post d'Alpha en parallèle, mais elle comptait sur Cherokee pour l'épauler. D'ailleurs, où était-il ? Moonlight espérait qu'il la rejoigne au plus vite, pour voir ses louveteaux. Elle était essoufflée, et un peu de son réconfort ne lui ferait sans doute aucun mal.

La nouvelle mère léchait ses louveteaux, aveugles pour le moment, dans le but de les rendre un peu plus propre. Keenaï et Naïade seraient sans aucun doute deux louveteaux aux caractères dignent de ceux de leurs parents.

Cherokee était vraiment à fleur de peau ces derniers temps. Le terme de Moonlight approchait à grand pas, les quelques 63 jours de grossesse réglementaires chez les louves s’égrainant à une vitesse folle. Bientôt, ils ne seraient plus deux... Bientôt, les cris et les pleurs empliraient la tanière, donnant un nouveau tournant à leur vie et un nouveau souffle de jeunesse à la meute.
Le grand mâle ressentait des émotions mitigées: d'abord, la joie d'être père et la fierté face au courage de sa compagne, qui n'avait pas hésité à assumer les tâches d'un alpha avec un ventre arrondi par les petits.

Il soupira longuement, baissant la tête vers le sol. Le problème n'était pas les petits... Le problème était qu'ils arrivaient au mauvais moment... D'après Moonlight, la lune était en colère. Cherokee n'avait jamais vraiment cru en l'astre lunaire, mais il faisait beaucoup d'efforts en cette croyance pour sa compagne. Toujours est-il que le sol tremblait régulièrement depuis peu, et cela ajoutait une grande inquiétude sur les épaules déjà chargées des alphas d'annalee.

Le grand loup roux s'ébroua pour chasser ces idées sombres de son esprit et se remit en route vers la tanière lorsque l'un des loups de sa meute débarqua devant lui et s'arrêta dans un dérapage plus ou moins contrôlé, la langue pendante sous l'effort.
- Cherokee, le travail a commencé. Moonlight met bas, va la rejoindre, vite !
Les yeux de l'alpha s'arrondirent sous l'effet de la panique. Il remercia rapidement le loup et manqua de le bousculer en filant comme une flèche vers la tanière ou se trouvait sa compagne.
Quel abrutit !! Mais quel abrutit ! Qu'est-ce qui lui avait pris de s'éloigner ainsi de la tanière ?! Lui qui ne quittait pas le chevet de Moonlight depuis des jours et des jours, il fallait que le travail commence au moment ou il se dégourdissait les pattes après des heures d'immobilité !

Forçant l'allure, le grand mâle sentit le petit tiraillement caractéristique qui lui indiquait de ne pas forcer davantage sur sa patte arrière. Ce picotement était devenu une sorte d'indicateur d'effort depuis l'attaque de Draugluin, même si son membre s'était presque parfaitement remit.
Le rouquin atteint enfin la tanière et s'y engouffra précipitamment. Il y faisait sombre et, à la grande surprise du loup, la chaleur habituelle était chargée d'une odeur lactée mêlée à des effluves de sang. Près de sa compagne, deux petites boules de poils aveugles tétaient en poussant de petits gémissements.

Cherokee s'approcha de ses petits et les renifla, s'imprégnant de leur odeur lactée. Il y avait un mâle au pelage brun foncé aux mêmes reflets roux que ses parents, et une petite femelle à la fourrure noire mouchetée de brun. L'alpha sourit bêtement avant de poser son museau sur le front de sa femelle, et d'y déposer une léchouille.

- Ils sont magnifiques Moon... Tu as fais un travail exceptionnel. Je t'aime...

Le coeur emplis de joie, Cherokee avait oublié le temps d'un instant tous ses tracas liés à la lune et au sol qui tremblait de temps à autre. Il ne pensait plus qu'à sa nouvelle famille, à sa compagne et à ses petits. Keenaï et Naïade... Ses deux petites merveilles... Il ferma les yeux en soupirant de soulagement et de contentement, se blottissant contre Moonlight.

Les petits commençaient à traiter quand Moonlight sentit l'effluve de son compagnon approcher. Il avait dû sentir le moment venu, ou peut-être l'avait-on prévenu. Peu importe, il allait arriver, elle le savait. Il n'aurait pu la laisser seule, bien qu'une grande partie du travail soit fait. Ce qui comptait désormais, ce serait tout le soutien qu'il lui apporterait pour gérer la meute et élever ses petits.
C'est alors qu'il arriva, peut-être un peu essoufflé s'il avait couru. Moonlight, couchée et épuisée, lui adressa un faible sourire avant de jeter un œil à ses louveteaux, toujours en train de téter et sentit le museau de son cher et tendre se poser sur le sien.

- Ils descendent beaucoup de toi, Keenaï aura certainement une carrure pareille à la tienne. Il est déjà bien musclé.

Après avoir passé sa langue râpeuse sur leur maigre fourrure, elle offrit une léchouille à Cherokee et vint à son tour se blottir contre lui, perdant sa tête dans les poils doux et denses de son cou. La chaleur qu'il dégageait étaut si agréable que Moonlight manqua de s'endormir en fermant les yeux. Mais ce fut sans compter sur les appels de la terre qui se mit à trembler une fois de plus. Rassurée que cela ne se soit pas passé pendant la mise bas, la cuivrée se redressa immédiatement pour se plier en quatre et ainsi caler ses petits contre son ventre et sa tête. Le tremblement ne dura que quelques secondes, mais assez pour inquiéter Moonlight et lancer un regard peu rassuré à son compagnon.

- Tu penses que la colère de mère cessera rapidement ? J'espère que Keenaï et Naïade tiendront assez vite debout pour empêcher qu'ils ne perdent équilibre à chacun de ces tremblements de terres. Une mauvaise chute et..

La cuivrée se tut, réalisant qu'elle cédait à la panique et la fatigue. Devait-elle s'inquiéter à ce point pour ses louveteaux ? En réalité, c'était plus son instinct maternel que son caractère lui-même qui la poussait à se préoccuper de tout cela. Et ce serait ainsi jusqu'à ce qu'ils aient atteint l'âge adulte, elle le craignait. Elle lança un regard géné à Cherokee, comptant sur lui pour la rassurer.

- Excuses-moi, je m'emporte... Je suis fatiguée.

» Quelques heures après son reveil (libre)