Compenser le temps perdu [Chasse]

Sevuk avait l'envie de bien faire. Il avait toujours cette envie qui guidait ses gestes et pensées. Ce désir lui ordonnait de réparer ses erreurs. Il devait se faire pardonner et racheter son absence. En effet, malgré sa joie d'avoir retrouvé les siens, ses songes n'avaient pas été calmes ces-derniers jours. Tant d'images avaient parcouru et pris racine dans sa tête. Il voyait des membres du Kohinoor partir à sa recherche, en vain. Ils gaspillaient de l'énergie et du temps. Une perte inutile et même dangereuse avec les épreuves imposées par l'île. Tout ce gaspillage dont il avait été l'unique cause. Il était donc obligé de demander pardon pour apaiser sa moralité et son sens du devoir. Il avait longuement réfléchi à une solution. Des excuses publiques et prononcées à haute voix ne lui avaient pas semblé suffisantes. Des mots ne rachetaient pas un acte commis. Finalement, il avait trouvé une idée qui lui paraissait excellente : il allait chasser pour la meute. Après tout, c'était dans ce travail que les loups brûlaient le plus de force. Cela ne serait que juste mesure qu'il leur apporta son aide. Bien qu'il soit assez maladroit dans ses gestes, il ferait de son mieux pour accomplir cette mission.

C'était dans cette optique que Sevy se rendit au Col de l'Ulfric. Il allait tenter sa chance là-bas. Il connaissait suffisamment le terrain pour en tirer des avantages. Au contraire de la Steppe des Nuages, les cachettes ne manquaient pas. Il lui serait plus facile d'approcher une proie qu'en terrain découvert. Il comptait plus sur l'effet de surprise que sa force pour terrasser un gros animal. Il avouait avec humilité qu'il manquait de muscles. Mais reconnaître ses faiblesses lui permettait de réfléchir à un moyen de les remplacer. La fierté personnelle ne faisait pas partie de lui. Elle apparaissait seulement pour montrer son attachement à la meute des terres enneigées. Défendre l'image des siens et l'amour qu'il leur portait, parfois de manière démesurée. En dehors de çà, elle était aussi existante qu'un lapin avec des ailes.

Bien. Il était arrivé. Il était temps de passer en mode Chasseur. Son allure se fit plus lente, elle devait permettre à ses yeux d’observer chaque mouvement suspect. Etre attentif était nécessaire pour mener à bien sa mission. Un moment d'inattention et il pouvait se retrouver à marcher toute la journée sans voir le moindre sabot. Il ne devait rien louper. Il se mit dans le même état de concentration que celui utilisé pour préparer des plantes médicinales. Ne rien laisser passer. Ses iris flamboyants perçaient la moindre tâche salissant le blanc immaculé des sommets. Enfin, il la vit. La souillure brune. Synonyme d’un Mouflon. Une cible parfaite.

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Compenser le temps perdu [Chasse] ESoVEsR

Sa cible enfin trouvée, il pouvait passer à la seconde phase : l'approche. Le relief serait son ami. Proche du Mouflon se tenait un amas de rochers. Ils avaient sûrement été apportés par une ancienne avalanche. Leur présence était bénéfique pour sa tâche. Il fallait juste arriver jusqu'à eux sans se faire remarquer. A pas de loup, Sevuk se mit à se déplacer. Il chercha à être le plus discret possible, comme tout Oméga cherchant à éviter des coups de crocs supplémentaires. Les enseignements du passé pouvaient se révéler fort utile dans la chasse. Il essayait aussi de toujours garder des pierres à proximité. Avec la couleur de son pelage, il serait trop facilement repérable dans un champ de vision trop blanc. Le côté sombre des roches atténuerait cette différence. Il progressa lentement mais sûrement. Il finit par atteindre sa "cachette" sans souci. D'ailleurs, cela avait été bien trop facile. Il y avait anguille sous roche. Le Guide releva sa tête afin d'observer attentivement sa proie. Vue de plus près, elle n'était plus aussi belle. Par endroit, des plaques de poils manquaient. Ses pattes maigrelettes semblaient même avoir du mal à supporter le poids de son corps. Il avait affaire à un animal pas très en forme, peut être même aux limites de la porte accueillant les défunts. Mais le Loyal ne ferait pas la fine bouche. Que le Mouflon soit malade ou pas, il s'en fichait complètement. Ce qui l'importait était l'apport en viande. Alors, l'état actuel de son propriétaire ne pouvait être qu'un avantage. Le prédateur passa à l’offensive. Jaillissant de derrière le tas de roche, il s’élança vers la bête. Celle-ci prit la fuite et une mini course poursuite eut lieu. Elle ne dura pas bien longtemps. L’effet de surprise avait avantagé le canidé au niveau de la distance. Un animal sain gagne toujours su un animal malade. Plus de force, plus de rapidité. Des crocs blancs vinrent former un étau autour de la mince gorge. L’étreinte se resserra jusqu’au dernier souffle. Enfin, les mâchoires se retirèrent et une langue fit disparaître les traces de sang. Le chasseur avait vaincu.