• my immortal.

these wounds won't seem to heal, this pain is just to real.

eurydíkē
draugluin

Qu'elle s'en souvienne, de son avant-renaissance. Elle se revoit encore quittée de toutes ses forces vitales, s'abandonnant lentement et douloureusement à la terre sèche et craquelée, la chaleur étouffante qui sifflait tel un vil reptile à son oreille devenue presque sourde. L'odeur du sang qui se déploie jusqu'à son nez presque insensible. La lumière diurne qui la narguait et brûlait ses yeux presque aveugles. Et ce goût sur sa langue, la plus délicieuse des saveurs, celle de l'avant-mort. Celle de l'âme qui se détache du corps ensanglanté. 

- ô mort, douce mort, quand viendras-tu m'emporter dans ton royaume ?

Mais la mort n'a pas répondu. Car la vie est vicieuse, elle a décidé que l'infortunée devra encore vivre, survivre, subir. Elle l'endormit d'un seul geste, d'un claquement de ses doigts roses et jeunes encore. La pauvre torturée hurla doucement sa frustration, avant d'ouvrir ses yeux embués sur un monde inconnu. Sa vision était floue, et elle resta un long moment inerte comme une pierre, les yeux fixes, à repenser encore à la camarde qu'elle avait frôlé. Même pas sa curiosité perdue ne se révéla pour explorer ces terres étranges. Elle n'en avait cure. Peut-être si elle restait immobile, la faucheuse viendrait la chercher.

Fiche de liens (c) Miss Yellow

"Who is this irresistible creature who has an insatiable love for the dead?"
Rob Zombie - Living Dead Girl

Cette rivière avait vu Draugluin avant. Aujourd'hui, il la remontait, dans son incessant va et vient, comme une lame passant encore, et encore, descendant jusqu'au chevalet de torture. Chaque coupure plus profonde, chaque signe encore renforcé.

Un bruit le fit accélérer son pas. Quelqu'un n'était pas précautionneux. Au contraire, quelqu'un cherchait à parler. Et en oreille compréhensive, il n'y avait pas pire. En revanche, il faisait un profiteur parfait. Un charognard pour les âmes qui avaient trop à dire. Souvent trop lourdes.

Il se demanda d'abord si le hurlement poussé ne l'avait pas été par ce cadavre. Correction. C'était un être bien vivant. Tous étaient sur le qui-vive, tous étaient à l'affût ne serait-ce que pour aller faire leur commission dans les bois, ne dormaient que d'un oeil. Ce corps possédait un esprit anti-pratique. Anti-naturel.

Il renifla. Il ne sentit qu'une odeur indescriptible. Pas de meute. Et une odeur plus lointaine, plus rance, comme une vieille poussière. Mais à peine perceptible.

Sa gueule s'ouvrit et un poussa un grognement bref mais crescendo. Son poil se gonfla et ses yeux se firent aussi curieux que fous. Qu'est-ce qui clochait avec ce loup là ? Est-ce qu'il allait faire comme ces imbéciles et tenter de lui opposer une de ces vaines résistances ?

now I'm bound by the life you left behind

draugluin
eurydíkē

Oh, qu'elle aurait souhaité qu'on la nomme cadavre, oui. Mais hélas, cette infâme la traitait bien comme un pantin prêt à la subir, à la vivre, à la survivre. Non, elle ne voulait pas passer inaperçue auprès de la mort. Elle voulait que celle-ci la voit, la remarque, l'emporte avec elle dans ses grands bras maigres et décharnés. Sa peau fine perçoit les vibrations d'un grand être marchant sur le sol calcaire de la leith. Lentement, sa tête s'oriente vers la source des ondes. Son regard d'or pâle se lie à une silhouette aux dimensions hors normes. Mais déjà, des monstres de taille moindre accrochent son pelage et escalade sa carcasse maigre. Elle n'y prête pas attention, ses yeux rêveurs doucement plongés dans ceux, écarlates, du monstre qui progresse vers elle. 

- viens à moi, ô bel ange de mes songes ... viens ...

Sa voix se fait brisée par sa mâchoire désarticulée. Ses prunelles d'or gelé entrouvertes ne distinguent qu'une masse sombre aux billes rouges.

Fiche de liens (c) Miss Yellow

La façon dont elle lui parla lui arracha une expression de dégoût franc. Il releva le nez et tourna la tête de dédain. Cette femelle n'avait aucun intérêt à ses yeux. Elle était comme déjà morte. Il n'y avait rien à briser en elle et elle était profondément indigne de porter sa progéniture.

Il lui adressa un vague grognement et repartit en marche, bien décidé à passer près d'elle sans même lui accorder un regard.

Il n'avait pas d'intérêt à perdre son temps avec une loque pareille. Sa démarche régulière était plutôt lente, mais sa taille lui permettait de parcourir du terrain rapidement.

i'm so tired of being here, suppressed by all my childish fears 

draugluin
eurydíkē

Non, rien. Vraiment rien. Elle est vide, morte de l'intérieur. Ou, endormie, profondément. La mort cette fois fût physique, et bien qu'elle soit devant ses yeux mordorés, le loup - camard ne lui accorda pas même un regard. Pas même une promesse. Elle aurait voulu le supplier, mais ses pattes ne lui permettaient pas cette chance. La louve se redressa prestement, mais au bout de quelques pas, elle ploya, et s'écrasa, à l'aune de ces trop grands avions que l'on cloue au sol. Elle aurait voulu pleurer, mais ne le fit pas.
Une nouvelle fois, elle tenta la chose. S'appuyant sur ses frêles jambes, elle se mit debout, tremblant plus que jamais. Clopinant, Boitillant, mais avançant, elle parvint à rattraper le loup noir. Mais une force jusque là inconnue, ou oubliée, vint littéralement l'aplatir au sol. La peur. Mais pas cette peur que vous et moi connaissons. Non. La peur qu'encore une fois cette inaccessible faucheuse la rate, l'ignore, lui passe devant.

Fiche de liens (c) Miss Yellow

Le bruit d'une marionnette laissée choir par son marionnettiste fit tourner la tête à Draugluin. Ce n'était pas tant le bruit désarticulé et clair. Non, c'était plutôt le bruit sourd d'un corps mort qui s'effondrait au sol.

Elle le suivait. Quelle plaie. C'était comme un parasite qui essayait de se coller derrière votre oreille, un sale boulet accroché à la patte, un de ces sables mouvants qui tentaient à tout prix de vous tirer vers le bas.

Il allongea sa foulée, puis s'immobilisa et gratta le sol de ses pattes arrière, envoyant majoritairement de la boue et de la poussière, ainsi que quelques aiguilles de conifère en direction de la tique qui tentait de s'accrocher à lui. Puis il reprit une allure rapide, sans courir, mais usant de toute sa longueur de jambe. Un râle agacé sortit même de sa gorge tandis qu'il prenait le large.

Un dernier regard méprisant en arrière lui fit voir ce corps qui ne lui inspirait ni envie ni dégoût. Juste cette profonde indifférence, si rare. Mais elle n'avait rien pour lui. C'était comme envoyer un sans âme devant le diable.

( out? la pauvre quand même Pweaaaz

)

[TERMINE
La Mort te veut pas.]