Come on, take a ride with me

Fatiguée et ayant eu envie d'une sieste alors qu'elle se promenait tranquillement dans la Taïga du Silence, la louve au pelage de neige s'était déniché un petit coin au pied d'un pin bien abrité du vent qui se levait. De plus, il y avait un confortable tapis d'aiguilles sur lequel elle s'allongea, la tête sur ses pattes avants et ferma les yeux. Très rapidement elle s'endormit.

Eira ne se réveilla que quand un courant d'air glacial lui caressa l'échine. Un frisson la secoua et lui fit ouvrir les yeux. Baillant largement en dévoilant ses crocs, elle remarqua que la nuit était tombée depuis un moment déjà. Un examen plus attentif des environs lui fit remarquer que la zone autour d'elle avait bien changé, sans qu'elle puisse dire exactement quoi. Un brouillard épais commençait à recouvrir les lieux, rendant l'endroit vraiment glauque. Un autre frisson remonta le long de son échine et elle se dit qu'elle devrait rentrer rapidement à la Tanière.

Pourtant, la louve au pelage de neige ne se levait pas, comme si quelque chose qu'elle ne pouvait pas voir, ni sentir l'en empêchait, la paralysait... Et elle les vit ! Ces deux yeux rouges comme le sang frais qui la regardaient fixement. Son cœur rata un battement quand elle les aperçut, pourtant elle n'arrivait toujours pas à faire le moindre geste, alors qu'elle aurait voulu fuir à toutes pattes, le plus loin possible de ces yeux!

EIra ne pouvait détacher son regard de ces yeux rouges, de même qu'elle ne pouvait toujours pas faire le moindre geste, paralysée par, elle le savait maintenant, la peur. C'était juste la peur qu'elle ressentait devant ces yeux qui l'empêchait de bouger et de fuir aussi loin que possible de cet endroit. Tout son corps était parcouru de frissons et de tremblements, tellement la peur l'étreignait. Parmi ses maigres souvenirs, elle pouvait affirmer sans se tromper qu'elle n'avait jamais éprouver une telle peur, une terreur même. Que pouvait-elle faire, sinon attendre que le propriétaire de ces yeux s'en aille sans l'approcher, car elle n'avait aucune envie de voir à qui ils appartenaient, ces yeux!

Malheureusement pour la louve au pelage de neige, ce dernier n'avait pas l'intention de s'en aller aussi rapidement. Au contraire, il commença par pousser un hurlement à faire froid dans le dos, augmentant les tremblements de la jeune louve. Le hurlement, bien que ressemblant de très loin à celui d'un loup, mais pourtant reconnaissable quand même comme étant celui d'un loup, lui permit de conclure que les yeux appartenait à un loup. Mais un loup inconnu et surtout, effrayant, terrifiant ! Des corbeaux s'envolèrent des arbres, effrayés eux aussi, mais probablement moins qu'Eira. Eux au moins pouvaient fuir, contrairement à la louve au pelage de neige.

Lentement, Eira parvint à se dresser sur ses pattes tremblantes comme jamais elle n'avaient trembler. Elle entendit le bruit de course du loup face à elle, mais ne put qu'à peine faire un pas ou deux en arrière. Très vite, un loup énorme apparut en claquant des mâchoires. Ce loup n'était pas normal ! Il était gros, bien trop gros, pour être un vrai loup comme elle ou les autres qu'elle avait déjà rencontré. Peut-être était-ce sa carrure, peut-être juste son poil hérissé, en tout cas, Eira le trouvait vraiment trop gros. Sa gueule était garnie de crocs démesurés qui l'empêchait de la fermer complètement, tandis que sa bave goutait sur le sol à chacune de ses foulées. Et ses yeux ! Comment pourrait-elle jamais les oublier ? Non, jamais elle n'y arriverait et elle en ferait des cauchemars pendant très longtemps, si ce n'est jusqu'à sa mort... Que lui voulait-il exactement ? Pourquoi foncer comme une furie sur elle ? Elle n'avait rien fait pour l'énerver, elle ne l'avait même pas approcher. Elle n'avait fait que dormir un peu...

Les pensées de la louve au pelage de neige s'embrouillèrent au point qu'elle ne parvenait pas à les distinguer les unes des autres, jusqu'à ce qu'elles disparaissent, ne laissant que la peur, la terreur pure.

Eira ferma les yeux, espérant follement faire disparaître cette vision de cauchemar, mais malheureusement pour elle, elle ne pouvait pas oublier les yeux rouges. Même les yeux fermés, elle voyait toujours encore ces yeux rouges. Et en plus, elle ne pourrait jamais faire un pas de plus en arrière, elle le savait, elle le sentait. Si elle s'y risquait, elle ne fera que s'écrouler sur le sol, complètement tétanisée. Or, elle se refusait à montrer la moindre faiblesse à ce loup monstrueux. Et pour la louve au pelage de neige, s’effondrer sur le sol serait une preuve de faiblesse. Paralysée sur le sol, elle ne pourrait guère espérer fuir, si toutefois ses pattes le lui permettaient, alors qu'en restant debout, même tremblante, elle pourrait l'espérer, même si c'était vainement. Un espoir à l'esprit pouvait faire des miracles, du moins elle l'espérait fortement.

Rouvrant lentement les yeux, elle vit le loup face à elle, tellement près que ça la fit sursauter, sans pour autant la libérer de sa frayeur paralysante. De près, ce loup était encore plus affreux que de loin. La bave qui coulait sur ses crocs énormes... Son poil complètement hérissé... Son grondement caverneux... Et surtout, ses yeux rouges sang... Jamais au grand jamais elle ne pourrait oublier cette vision. Lentement, très lentement, il la contourna en produisant cet affreux son caverneux. La louve au pelage de neige se demandait vraiment ce qu'il était en train de faire. Mais elle n'osait même pas tourner la tête pour le suivre du regard. Elle l'observa donc du coin de l’œil, craignant d'avance ce qu'il avait en tête. Elle savait par avance que quoi qu'il fera, elle détesterait ça, mais elle ne pouvait rien faire pour l'en empêcher.

Comme elle l'avait pressenti, alors que l'énorme loup passait derrière, Eira n'aima pas ce qu'il fit, mais alors pas du tout. Non, en réalité, elle détesta, mais ne pouvait rien faire pour l'en empêcher. Et cela allait devenir son pire souvenir, car aucun de ceux qui suivraient ne pourraient plus épouvantable ce que allait se produire. La louve au pelage de neige aurait bien voulu se retourner, afin de l'empêcher de se retrouver dans son dos, mais comme depuis l'apparition de ses yeux, elle n'arrivait pas à faire le moindre mouvement, la condamnant à subir comme une simple Oméga les envies d'un Dominant.

Arrivée dans son dos, le loup noir entama immédiatement ce qu'il avait en tête, à savoir la saillir. Il grimpa sur l'arrière-train d'Eira et commença son œuvre de manière aussi écœurante que violente. Il avait saisi la peau de son cou entre ses énormes crocs recouvert de bave, l'informant par la-même qu'elle ne devrait certainement pas faire de bêtises et simplement attendre la fin de son calvaire. Malgré tout, hormis le pincement qu'elle pouvait ressentir à cet endroit, l'énorme loup ne semblait pas avoir assez forcé pour percer la peau de la louve au pelage de neige, mais celle-ci savait qu'il n'hésiterait pas s'il lui en venait l'envie.

Une nouvelle fois, la louve au pelage de neige ferma les yeux, et se répéta la même litanie afin de ne passer penser à ce que ce monstre était en train de lui faire. Elle se disait que tout ceci n'était qu'un affreux cauchemar et qu'elle allait bientôt se réveiller, mais la douleur qu'elle ressentait lui criait le contraire ! Pourtant, elle ne cessa pas de se répéter ça, espérant que tout finisse le plus rapidement possible. Elle avait du mal à respirer, tellement la peur lui comprimait les poumons. Elle haletait, de peur et de... non ce ne pouvait pas être possible, comment pouvait-elle seulement ressentir du dé... non, elle n'arrivait même pas à prononcer ce mot dans sa tête, alors comment pouvait-elle en sentir les vague en elle. Tout ce qu'elle subissait était contre sa volonté. Elle était forcée de s'abaisser à tout ça, sinon, elle le savait, elle n'aurait qu'un seul autre choix... la Mort. Oui, le monstre derrière elle était capable, sans le moindre remord, de la tuer parce qu'elle aurait simplement tenté de résister. Mais Eira n'était pas assez courageuse pour cela, bien au contraire. En ce moment, elle se sentait aussi trouillarde et faible que la plus misérable des proies face à elle quand elle chassait. Jamais elle ne pourrait oublier cette humiliation.

Fini ! C'était enfin fini ! Le loup noir lâcha la peau de son cou, et redescendit de son dos. IL s'ébroua, faisant voleter des poils noirs autour de lui. L'un d'eux vint même voler jusque devant les yeux exorbités de la louve au pelage de neige, comme pour la narguer, pour lui affirmer que tout ce qu'elle venait de vivre était bel et bien la réalité. Les corbeaux, qui avaient fui un peu plutôt, revinrent se percher dans les arbres et croassèrent de plus belle.

Pourtant, ce n'est que quand elle fut sûre et certaine de ne plus sentir la présence terrifiante de ce loup derrière elle qu'elle osa faire un geste. Lentement, elle prit un longue et profonde respiration, alimentant tout son corps en oxygène. Tout aussi lentement, elle essaya de tourner la tête vers l'arrière, elle voulait être sûre qu'il était bien parti. Malheureusement, la tête lui tourna violemment et elle s'écroula sur le sol, en haletant fortement pour faire baisser son rythme cardiaque qui s'était affolé, mais à la place, elle sombra dans l'inconscience. La bienheureuse inconscience, là où rien n'existe, où rien n'est vrai.