Chasse - Cette fois, je t'aurai!

Le soleil s'était levé depuis deux heures, réchauffant quelque peu les terres de Sarkan, actuellement plongé dans l'hiver. Sur la neige immaculée, une louve arctique trottinait. Sa silhouette d'un blanc seulement troublé par le noir de sa truffe et l'ambre de ses yeux se fondait presque parfaitement dans le paysage. Sa course était silencieuse, et tout dans l'attitude de la femelle criait son désir de rester discrète - sa tête et sa queue étaient toutes deux à l'horizontale, et à certains moments où elle rasait littéralement le sol. En effet, Moïra était en train de traquer une proie. Ses yeux brillaient de détermination et, peut-être, d'une légère touche de désir de vengeance. La louve arctique était à la poursuite d'un chevreuil, et l'un des représentants de cette espèce lui avait échappé quelques jours plus tôt.

De ce fait, elle avait très envie de prendre sa revanche sur celui-là. Qui n'était sans doute pas celui qu'elle avait manqué, mais.... sait-on jamais?

La louve arctique ralentit. Les traces qu'elle suivaient étaient désormais très fraîches, sa proie n'était pas loin - et il ne s'agissait pas de tout faire échouer à cause d'un peu de précipitation. Désormais, elle pouvait distinguer le chevreuil. Il était en train de s'abreuver aux eaux du lac, à un endroit où la glace n'avait pas pu en empêcher l'accès. C'était une chevreuil assez jeune, qui venait à peine d'entrer dans l'âge adulte - il gardait certains traits juvéniles, même si sa morphologie était celle d'un adulte. C'était un bon point pour Moïra - manquant d'expérience, il prêterait moins d'attention à son environnement.

La femelle s'approcha doucement, attentive à ne pas faire de bruit et à rester le plus possible à couvert. Le chevreuil semblait ne pas l'avoir repérée. Elle n'était plus qu'à quelques mètres, prête à bondir...

La louve arctique jaillit hors du fourré où elle s'était cachée. Elle couvrit en quelques fractions de secondes la courte distance qui la séparait de sa proie. Le chevreuil se rendit enfin compte que quelque n'allait pas et il s'apprêta à détaler - mais trop tard. Il aurait dû réagir dès qu'il avait soupçonné la présence d'un prédateur. C'était là une leçon qu'il aurait connue s'il avait été plus âgé, et qu'il n'aurait désormais plus l'occasion d'apprendre.

En effet, la louve arctique, elle, ne rata pas sa jugulaire. Les crocs de Moïra s'enfoncèrent dans la gorge du chevreuil, pendant qu'elle le percutait de plein fouet afin de le faire tomber à terre. L'animal s'effondra, tentant en vain de se débattre - déjà, la perte de sang l'affaiblissait. La louve raffermit sa prise sur le cou du chevreuil, attendant patiemment qu'il rende son dernier soupir. Ce qu'il fit après quelques minutes.

Moïra desserra ses mâchoires, satisfaite. Elle n'aimait pas rester sur un échec, quel qu'il fût - son côté perfectionniste à l'extrême était l'un de ses défauts les plus apparents. Après s'être reposée quelques instants, la louve arctique mordit à nouveau sa proie, cette fois dans l'optique de la ramener à la tanière de la meute. Il lui faudrait un peu de temps, mais cela en valait la peine.