Un cauchemar réel

Je me suis encore trompé de chemin!

Papa, c'est toi?

Draugluin, IL ARRIVE ! Fuyez, aussi vite que possible ! C'est un MONSTRE ! Sauvez vos vies, au nom de la Lune, NE CROISEZ PAS SON CHEMIN !

Draugluir se frottait généreusement contre la glace. Cette rencontre avec le premier papillon coincé dans la toile avait été très intéressante. Il semblait se plaire là en bas et l'escorte insectoïde et arachnéennes grouillait au sol.

Son poil mouillé le rendit encore plus hirsute et d'apparence plus inamicale que jamais. Il s'était mordu en forçant un peu trop et du sang badigeonnait ses crocs et gouttait au sol.

Une voix lui fit tourner la tête... Puis le corps entier vers l'entrée de la galerie. Son poil se hérissa et il lança un grondement guttural, un roulement humide et presque écœurant.

Restant immobile, il sentit l'odeur de mâle et ses yeux s'illuminèrent. La folie se battait en duel avec une rage interne impossible à brider. Se campant sur ses pattes, il sentait une bouffée d'adrénaline et de testostérone l'exciter plus encore.

Qui a peur du grand méchant loup ? Qui va recommencer à faire pipi au lit ?

Brouahhh! Mais c'est quoi tou...........

Que... Qui... Par... pardon... je... suis... chez... vous?

Draugluin fixa le jeune loup devant lui. Jeune étant un euphémisme. Il avait tout juste l'air sorti de la tanière. Ou peut-être était-ce à cause de cette fourrure un peu ébouriffée et de son air terrifié.

A sa question, Draugluin inspira longuement, se gonflant la cage thoracique, sa fourrure suivant aussi pour le transformer en masse au poil hérissé. Il poussa un cri rauque, comme un hurlement sans aucune note. Juste un rugissement, la gueule grande ouverte, offrant une vue sur une rangée de dents en bas et en haut, luisantes de salive. Vers le fond, on pouvait même voir deux trois lambeaux de peau. Sa langue rétractée rendait le son plus ciblé, plus rauque encore.

Il avança d'un pas et mordit l'air, quelques gouttes de salive projetées en direction du louveteau. Il se ramassa sur lui-même, comme prêt à bondir.

Laiss... Laissez moi..

Ce louveteau était pathétique. Si pathétique que si Draugluin l'avait pu, il se serait esclaffé, se moquant de cette lâcheté. Pour s'être lâché, en revanche, il s'était lâché ! En voyant qu'il partait se terrer dans un coin, Draugluin bondit aussi, se retrouvant à ses côtés dans un bruit sourd. Il gronda à nouveau, lentement cette fois, puis s'écarta pour sortir de la zone. Il en avait rajouté une couche, c'était la cerise sur le gâteau.

Il n'aimait pas l'odeur d'urine. Il aimait la provoquer, mais pas la sentir trop longtemps une fois qu'il avait eu ce qu'il voulait.

Lamentable. Perdre le contrôle de ses fonctions naturelles était une vraie honte. Mais tout le monde avait peur de quelque chose. Et de Draugluin. Ce dernier se félicitait de porter ainsi la terreur. Il passa le seuil de la galerie et reprit les boyaux de terre et de pierre en sens inverse, vers la sortie.

Il avait un pic neigeux à voir.

Draugluin se frottait parfois contre les parois. D'abord, il sentit une odeur âcre et pensa qu'un rat était crevé dans un coin et qu'un insecte lui avait crevé l'intestin. Puis il se rendit compte que l'odeur venait par moment de derrière lui, lorsque de l'air de l'extérieur passait près de lui. Si l'air portait d'abord sa propre odeur en arrière, elle ricochait dans la galerie pour revenir, plus faible, dans sa direction.

Cet abruti essayait de jouer avec le feu.

D'un coup, il accéléra dans le boyau sombre et se glissa dans un boyaux plus sombre encore où il se tapit, attendant que cet imbécile passe devant l'ouverture.

Depuis le temps qu'il n'avait pas tendu une embuscade... Il en frémit d'impatience.

Le louveteau continuait d'avancer tout en cherchant le loup noir au loin. Avait-il pris de l'avance? Plus il avançait et plus son corps se crispait, la peur revenant peu à peu. Le suspens n'était pas bon, le petit avait mal au cœur de tout ceci, de son idée de génie. Il ne savait plus quoi faire, entre faire demi tour ou marcher tout droit au risque de retomber face à face avec l'adulte. Avalant sa salive, de part sa nature courageux qu'il eut l'audace de suivre le chemin malgrè qu'il ai perdu la trace de l'imposant mâle. Stressé, nerveux, peureux mais osé, il accéléra ses pas en voyant l'apparition d'un nouveau lieu. Un soulagement commençait à le gagner, c'était une angoisse qui allait partir...

Il le suivait bel et bien. Ce louveteau avait du cran. Trop. Et la curiosité était un vilain défaut.

Lorsqu'il passa près de lui, Draugluin visa la première chose qu'il vit. A sa portée, l'oreille curieuse du petit mâle fut saisie par ses crocs. Il ne bondissait pas pour lui faire peur, mais bien pour le blesser. Le cartilage craqua sous ses crocs aiguisés. Sa canine principale se fraya un chemin, formant une blessure d'un beau diamètre, tandis que les autres ne faisaient que de petits trous, sans doute affreusement douloureux eux aussi.

Avec un peu de chance, il tenterait de se libérer en tirant et s'arracherait un bout d'oreille, ou formerait un sillon à cause du plus gros croc. Draugluin serra la mâchoire, le goût de son propre sang envahissant sa gueule.

Il lâcha l'oreille saccagée au moment ou le jeune loup perdit connaissance. C'était moche, très moche. Draugluin se sentit plutôt fier de lui. Après tout, ce petit l'avait cherché.

Le laissant en plan, Draugluin se dirigea vers la sortie, sûr à présent qu'il ne serait pas suivi. Il se lécha les babines, sentant encore le goût du sang et de la fourrure du louveteau sur sa langue.

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